La Fédération Nationale de l'Industrie Hôtelière (FNIH) et la plateforme néerlandaise "Booking » ont ouvert une série de négociation pour trouver une solution au dossier de paiement des commissions en devises au lieu du dirham marocain. Une décision unilatérale qui soulève la contestation chez les professionnels du secteur. Depuis que "Booking" a imposé le paiement de commissions en devises et la tension monte crescendo chez les opérateurs du secteur touristique. Après une première réunion infructueuse, les deux parties comptent organiser une autre rencontre le mois prochain. Cette décision a poussé la FNIH, qui représente 4 000 hôtels classés dans le Royaume, à envoyer une missive au ministère du Tourisme, afin de persuader le gouvernement d'intervenir auprès de l'entreprise néerlandaise pour renoncer à cette démarche jugée « illégitime et non fondée ». En effet, "Booking" prélève une commission comprise entre 15 et 17 % de la valeur d'une réservation. Ce pourcentage peut augmenter si l'établissement hôtelier veut gagner plus de visibilité et apparaître sur les premières pages de recherches. Petite start-up créée en 1996 à Amsterdam, "Booking" est devenue l'une des plus grandes sociétés d'e-commerce au monde dans le secteur des voyages. Depuis le Covid, les plateformes digitales, telles que Booking, Expedia... ont gagné en popularité auprès des voyageurs qui cherchent à réserver leurs séjours en ligne. Un constat qui a poussé la plupart des établissements d'hébergement classés à s'y engager en échange du paiement pour la prestation qui était jusque-là payé en dirhams. Désormais, elle sera payée en devise, même si la réservation provient du Maroc, ce qui signifie une augmentation des coûts. L'entrée en vigueur de cette décision risque d'entraîner l'exclusion des Marocains de la réservation via ce site, et donc un changement majeur dans le secteur hôtelier national. Une source du ministère du Tourisme avait indiqué qu'une correspondance avait été reçue de la part de la FNIH, et en conséquence, Bank Al-Maghrib a été contactée pour connaître le bien-fondé de l'affaire. Cela dit, les responsables de la banque centrale ont complètement nié les arguments avancés par « booking » qui présument que les changements des exigences bancaires sont la cause principale de ce nouveau règlement. La même source a confirmé que ce dossier épineux sera résolu avec les différents acteurs concernés, menés par l'Office des changes. Les professionnels dénoncent le monopole progressif de la plateforme Booking au Maroc, alors qu'elle n'y paye aucune taxe et appellent à des actions urgentes des autorités pour mettre fin aux abus dont ils sont les premières victimes. En outre, le président de la FNIH, Lahcen Zelmat, incite les élites marocaines à s'inspirer du modèle turque, qui a été confronté au même problème et a pris une disposition spéciale interdisant formellement au groupe Booking de vendre des chambres d'hôtel turques aux citoyens en Turquie. La majorité des recettes encaissées par les hôtels via Booking proviennent des réservations faites par des Marocains et, par conséquent, le chiffre d'affaires est réalisé en dirhams. Dorénavant, le paiement de la commission est exigé en devises, faisant supporter en plus aux établissements d'hébergement touristique le coût de 10 %.