La Commission nationale chargée de la coordination des mesures ayant pour but la lutte et la prévention de la traite des êtres humains a organisé, mardi à Rabat, une rencontre sous le thème « l'art et la créativité, un soft power au service de la sensibilisation aux dangers de la traite des êtres humains ». Initiée à l'occasion de la journée nationale de lutte contre la traite des êtres humains –campagne Cœur Bleu- en partenariat avec le Bureau des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) et avec le soutien de l'Union Européenne, cette rencontre s'inscrit dans le cadre des efforts consentis par la Commission dans le domaine de la prévention de la traite des êtres humains, dans le but de sensibiliser et de faire prendre conscience de ses risques et manifestations, ainsi que dans le sillage de la mise en œuvre du plan national de lutte et de prévention de la traite des êtres humains 2023-2030, approuvé en mars dernier. Cette rencontre a été l'occasion de présenter les premières campagnes de sensibilisation mises en place en partenariat avec l'association Issil pour le théâtre et l'animation culturelle et la Fondation « D'art Louane », à travers des films dramatiques et des créations artistiques pour exprimer la voix des victimes de la traite des êtres humains, conformément au slogan de la campagne Cœur Bleu de cette année : « chaque victime de traite des êtres humains compte, ne laisser personne de côté ». Elle s'inscrit dans le cadre de la contribution du Maroc à l'initiative « Droits humains 75 » des Nations Unies, annoncée par le Haut-Commissariat aux droits de l'Homme en célébration du 75ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, en tant qu'occasion pour mettre en avant comment cette Déclaration peut répondre aux besoins actuels et promouvoir les promesses de liberté, d'égalité et de justice pour tous, a souligné à cette occasion, le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi. Il a à cet égard rappelé l'adoption par le Maroc, en mars dernier, du plan national de lutte et de prévention contre la traite des êtres humains 2023-2030, ainsi que le mécanisme national de renvoi pour les victimes de traite des êtres humains, considérant cette démarche comme l'aboutissement des efforts déployés par le Royaume sous la conduite du Roi Mohammed VI, avec l'implication et l'engagement continus de toutes les institutions étatiques et des acteurs de la société civile dans le domaine de la lutte contre ce phénomène, après la promulgation de la loi n°27-14 et la création ainsi que l'activation de la Commission en tant que mécanisme national chargé de la coordination des mesures ayant pour but la lutte et la prévention contre ce crime, entre les différents acteurs concernés. Dans le but de mettre en œuvre ce plan national et dans le cadre du renforcement des mécanismes de prévention par la sensibilisation et la prise de conscience des dangers du crime de traite des êtres humains, a ajouté le ministre, la Commission nationale a choisi cette année de miser sur le soft power de la créativité artistique pour atteindre les victimes de la traite des êtres humains afin que personne ne soit laissé pour compte. Consciente de l'importance de la créativité artistique qui incarne la meilleure expression des hautes valeurs humaines, a fait remarquer le ministre, la Commission nationale a décidé cette année de commémorer la Journée internationale de lutte contre la traite des êtres humains sous le thème « l'art et la créativité, un soft power au service de la sensibilisation aux dangers de la traite des êtres humains », à travers le prisme de la culture en tant que levier fondamental de la protection des droits de l'Homme dans leur globalité et leur universalité, partant de sa conviction que les artistes jouent un rôle essentiel en ce qui concerne l'éducation aux valeurs civiles. Et de souligner que si l'évolution de l'acte criminel nécessite un accompagnement législatif efficace, alors l'art et la créativité expriment le bon côté de l'humanité à travers ses nobles fonctions, que ce soit à travers des expressions culturelles qui simulent la réalité dans le langage des arts ou à travers des créations esthétiques qui reflètent la sophistication et l'évolution des sociétés, loin de la logique répressive et dissuasive. De son côté, la directrice régionale l'ONUDC pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Cristina Albertin, a félicité le Royaume pour les « progrès très positifs accomplis en matière de lutte contre le phénomène de la traite des êtres humains, au niveau législatif, institutionnel et exécutif », saluant les efforts de la Commission nationale dans la mise en œuvre du plan d'action conjoint, qui a permis d'accompagner plus de 1.200 praticiens, à travers le Maroc, tant des intervenants de première ligne chargés d'identifier et d'assister les victimes que les différents acteurs intervenant dans le secteur de la Justice. L'art a une capacité unique d'exprimer avec précision les faits les plus complexes, de stimuler la réflexion et de consolider les messages, a-t-elle poursuivi, considérant que le but de cette campagne est de sensibiliser le grand public sur la responsabilité partagée face à la traite des êtres humains. L'ambassadrice de l'Union européenne au Maroc, Patricia Llombart Cussac, a indiqué, quant à elle, que sa participation à cette rencontre traduit un engagement commun à lutter contre le phénomène de la traite des êtres humains, soulignant que « le Maroc est l'un des pays avec lesquels l'Union européenne a développé depuis des années une coopération forte dans ce domaine, aux côtés de ses partenaires internationaux ». L'Union européenne et le Maroc, a-t-elle soutenu, oeuvrent ensemble avec de nombreux acteurs institutionnels et de la société civile pour s'attaquer aux causes profondes de la traite des êtres humains.