Le tournant israélien sur le Sahara marocain est tout sauf un événement anodin. Il participe, comme le tournant espagnol et allemand à récrire une nouvelle géographie politique dans la région. Pour les pays qui résistent encore à la persuasion marocaine, c'est un élément supplémentaire de pression, d'interpellation et de questionnement. En ligne de mire directe de cette accélération de l'histoire dans les relations entre le Maroc et Israël deux pays extrêmement proches du dossier du Sahara, l'Algerie et la France. L'un ouvertement hostile, l'autre sournoisement hésitant. Il est presque acquis que ces deux pays sont les derniers à applaudir ces performances et cette nouvelle dynamique marocaine sur une crise régionale vieille de plusieurs décennies. Le régime algérien d'abord. Ses réactions et ses attitudes l'ont déjà abonné à une sorte d'autisme politique en la matière . Pour Alger, toutes ces évolutions sur l'affaire du Sahara sont nulles et inexistantes. Ne s'accroche-t-il pas encore à l'impossible obsession de voir l'administration démocrate de Joe Biden procéder à l'invalidation des choix du républicain Donald Trump sur le Sahara ? Ne cultive-t-il pas la sourde certitude que le gouvernement espagnol dirigé aujourd'hui par la gauche ou peut-être demain par la droite finira par annuler la reconnaissance de la souveraineté marocaine opérée par Pedro Sanchez ? Autant de chimères qui nourrissent sa vision des nouveaux rapports de force et sa permanente dénégation des nouvelles réalités politiques. Si le régime algérien, partie prenante de ce conflit et dont il lie son destin et sa survie peut se permettre de s'octroyer d'épaisses œillères, ce n'est pas le cas de la diplomatie française dont des voix se lèvent en interne pour l'inviter justement à cesser d'adopter la politique de l'autruche. Le tournant israélien sur le Sahara, outre qu'il offre de nouvelles perspectives à la nouvelle alliance entre le Maroc et Israël, est une interpellation directe aux choix français dans cette région. Il est acquis aujourd'hui que Paris n'a jamais vu d'un bon œil l'accord tripartite signé entre Le Maroc, Israël et les États Unis et qui était à l'origine de ce grand bouleversement, il est tout aussi certain que la diplomatie française ne peut rester volontairement éloignée de cette nouvelle dynamique qui secoue l'ensemble de la région et la met sur les rails d'un nouveau destin. Sauf à penser que Paris prendrait le choix stratégique de rupture froide permanent avec le Maroc en s'interdisant de faire bouger sa perception du conflit du Sahara, la diplomatie française n'a, en réalité, pas d'autres choix que de rejoindre ce mouvement collectif international qui acte la souveraineté du Maroc sur son Sahara . Dans le cas contraire plus le temps passe, plus la diplomatie française épouse une immobilité sur cette importante question, plus les raisons de cette abstinence paraîtront au grand jour. Le prétexte politique selon lequel Paris ne peut soutenir Rabat sous peine de se mettre à dos Alger semble avoir fait son temps. Aujourd'hui les relations entre Emmanuel Macron et le régime algérien sont en dents de scie. Le pari algérien du président français a définitivement échoué comme semble le montrer sur le plan de la symbolique politique l'incapacité des deux pays à organiser une visite du président algérien Abdelamajid Tebboune à Paris, avec tous les contingences et les blocages qu'on connaît . La Real politique française devrait composer positivement avec les nouvelles donnes créées par la reconnaissance américaine, les tournants espagnol et Allemand et l'accélération israélienne. Paris ne peut rester indéfiniment dans la zone grise. Elle fut utile un temps. Elle devient dangereuse aujourd'hui. Et comme ce mouvement général en faveur du Maroc a plutôt tendance à s'accentuer, avoir un allié aussi proche que la France qui exprime encore quelques formes d'hésitations deviendra à terme problématique pour les deux pays. Les plus optimistes sont convaincus qu'Emmanuel Macron finira par saisir l'importance de cette instant politique historique pour y accrocher les wagons français. A défaut, cette bouderie franco-marocaine, débutée comme une mauvaise humeur, finira par avoir de graves conséquences sur les relations entre la France et cette région du Maghreb, à laquelle la lient une dense relation humaine , une riche coopération économique et une inaliénable communauté de destin. Autant de facteurs qui autorise chez Emmanuel Macron toutes les audaces.