Le Directeur général de l'Office National de l'Electricité et de l'Eau Potable (ONEE), Abderrahim El Hafidi, a affirmé que le Maroc s'attèle actuellement à l'élaboration d'un nouveau modèle pour assurer sa sécurité hydrique en mettant en place des stations de dessalement d'eau de mer, au lieu de recourir uniquement aux eaux de surface, et pour surmonter les contraintes du changement climatique qui est à l'origine de nombreux problèmes dont celui de la rareté de l'eau. El Hafidi, qui s'exprimait mardi lors d'un forum organisé par le Bureau de liaison du Maroc en Israël et le Center for Jewish Impact sur la question de l'eau comme composante de la coopération régionale entre le Maroc et Israël, a ajouté que le grand défi pour le Maroc pour renforcer sa sécurité hydrique consiste à développer un nouveau modèle de gestion de la rareté de l'eau. Il a souligné que le Maroc qui a déployé de grands efforts dans la gestion des eaux de surface, dispose de 152 barrages avec une capacité de stockage énorme d'environ 20 milliards de mètres cubes, expliquant qu'en raison des changements climatiques, une vision précise concernant les précipitations de chaque année n'est plus disponible, et la situation s'est compliquée au cours des cinq dernières années avec l'enregistrement l'année dernière d'un déficit en eau estimé à environ 85 %. Il a poursuivi que cela a nécessité l'adoption d'une nouvelle approche pour faire face à la rareté de l'eau, indépendamment des contraintes posées par le changement climatique et la disponibilité des eaux de surface et ce, en recourant aux stations de dessalement, notant qu'il y a un travail énorme qui est fait par l'ONEE pour trouver des solutions alternatives. A ce jour, neuf stations de dessalement d'eau de mer ont été achevées, tandis qu'une importante usine de dessalement d'eau de mer sera bientôt lancée à Casablanca, a fait savoir El Hafidi, soulignant que ce nouveau modèle de gestion permettrait de faire face efficacement à la pénurie d'eau et d'assurer la sécurité nationale de l'eau à long terme, indépendamment des eaux de surface. Selon le DG de l'ONEE, changer le modèle de gestion de la pénurie d'eau est devenu nécessaire, étant donné que la part d'eau par habitant au niveau national est passée de 2560 mètres cubes/personne/an en 1960 à moins de 600 mètres cubes/personne/an aujourd'hui. Pour sa part, Abderrahim Bayoudh, chef du Bureau de liaison du Maroc en Israël, a indiqué que ce forum intervient à un moment critique où les pays de la région sont de plus en plus confrontés à une grave sécheresse et à une pénurie d'eau, combinées aux défis du changement climatique mondial notant que le Maroc fait face à la plus grave sécheresse depuis plus de trois décennies. Il a ajouté que grâce au leadership éclairé de SM le Roi Mohammed VI, le Maroc a réussi à mettre en place des politiques efficaces et une approche intégrée pour répondre à ses besoins en eau, à travers la mobilisation des ressources en eau conventionnelles et non conventionnelles, et la gestion de la demande en eau et son développement, à travers des projets structurants, dont la poursuite de la construction de petits et grands barrages pour accompagner la dynamique de développement local durable. Il s'agit également de la mise en place d'un réseau de connexion entre les bassins hydrauliques et l'exécution de projets pour la réutilisation des eaux usées. Quant à Noam Weisbrod, expert à l'Université Ben Gourion de Beer Sheva, il a souligné que les problèmes d'eau au Maroc sont similaires à ceux qu'a connus Israël par le passé avant l'achèvement des usines de dessalement, qui fournissent désormais 80 % de l'eau potable avec une capacité de production d'environ 600 millions de mètres cubes par an, qui augmentera à l'horizon 2025 pour atteindre environ 900 millions de mètres cubes par an. Il a relevé que les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord sont gravement touchés par le changement climatique et sont à la pointe des zones de stress hydrique, et le principal défi est de savoir comment surmonter ce problème. Noam Weisbrod a ainsi mis en avant la nécessité d'une approche globale et intégrée pour assurer la sécurité de l'eau basée sur l'éducation à l'utilisation de l'eau, la recherche scientifique, l'adoption de la technologie et les investissements. Pour sa part, le président du Center for Jewish Impact, Robert Singer, a souligné l'importance de ce forum qui se veut une plate-forme pragmatique pour promouvoir des discussions inclusives et renforcer la résilience régionale, réunissant le gouvernement, les diplomates, la société civile et le secteur privé. Il a ajouté que le Centre for Jewish Impact croit fermement que la coopération régionale et globale est la clé pour construire un avenir meilleur pour tous. Cette rencontre a traité des opportunités de coopération régionale dans le domaine de l'eau, et des nouvelles opportunités pour renforcer les partenariats régionaux sur les défis émergents dans le domaine de la durabilité. La région MENA est confrontée à d'importants problèmes de pénurie d'eau, nécessitant l'innovation pour maintenir la vie et promouvoir la prospérité. L'eau recèle également un potentiel important d'opportunités d'investissement qui peuvent favoriser la coopération bilatérale et régionale entre les pays de la région, principalement par le biais du transfert de technologie de l'eau.