La sixième motion de censure de la démocratie en Espagne a échoué. En nombre et en objectifs. Le président du gouvernement, Pedro Sánchez, n'a, à aucun moment, vu sa position compromise et a clôturé avec succès deux jours de débat qui lui ont permis de mettre en valeur la gestion de l'Exécutif et ses mesures économiques et sociales. Le Congrès des députés a rejeté la deuxième motion de censure déposée par Vox contre le président du gouvernement au cours de cette législature. Le candidat indépendant du parti de l'extrême droite, l'économiste Ramon Tamames, 89 ans, n'a obtenu que le soutien des 52 députés de Vox et celui d'un député non inscrit de Ciudadanos. L'abstention « calculée » du Parti populaire (PP) d'Alberto Núñez Feijóo et des deux députés de l'Union du peuple Navarre (UPN) a été soutenue par l'opposition de la majorité parlementaire, 201 voix. A presque deux mois des élections municipales et autonomiques, l'instrumentalisation de la motion de censure par tous les partis a fini par devenir le premier rassemblement de la campagne électorale du 28 mai dans lequel tous les partis ont cherché à se repositionner. Le président de Vox, Santiago Abascal, initiateur de la motion de censure, a exposé la ligne idéologique de la motion et a tendu la main au PP pour qu'il « vote ensemble » en faveur d'une alternative à Pedro Sánchez. Le PP a confirmé son abstention et a maintenu la stratégie qu'il dessine depuis des mois. Ce seront les urnes qui « censureront Sánchez » et non cette motion, a souligné la porte-parole populaire, Cuca Gamarra, qui a dirigé ses critiques contre Vox, qu'elle a accusé de donner de l'oxygène au gouvernement. « Nous sommes face à un cadeau inexplicable au gouvernement », a martelé la porte-parole dans son discours. Pour sa part, le PSOE, comme le gouvernement l'a fait au cours des deux jours de débat, a abordé la motion comme une confrontation de modèles de gestion et de gouvernance. Les analystes politiques espagnols affirment que la séance plénière du débat a servi à confirmer qu' »il n'y a rien de l'autre côté » et que la motion a permis aux socialistes de véhiculer le modèle de gestion proposé par chaque formation politique. Le porte-parole du Groupe Socialiste au Congrès des députés, Patxi López, a saisi l'occasion pour énumérer les principales réalisations du gouvernement. « C'est le gouvernement qui a le plus travaillé pour la protection du peuple et pour la liberté de la société espagnole, en augmentant le salaire minimum, les pensions, le revenu minimum, les bourses d'études, la gratuité des transports, le chèque locatif, le chèque thermique, etc », a-t-il relevé. Dans le même sillage, plusieurs ministres ont indiqué après l'échec de la motion de censure, que le gouvernement sort « renforcé » du vote parlementaire, car son modèle d'Espagne a triomphé au détriment de celui proposé par Vox. « Il y a deux modèles d'Espagne et le nôtre a triomphé », a résumé la ministre porte-parole du gouvernement, Isabel Rodríguez. La ministre de la Justice, Pilar Llop, a souligné que la motion de censure a montré que « le PP s'est tourné vers l'extrême droite », puisque ses députés se sont abstenus de voter sur la proposition de Vox. « Le gouvernement est sorti vainqueur », a résumé le ministre de la Culture, Miquel Iceta, tandis que la première vice-présidente du gouvernement, Nadia Calviño, a souligné que le rejet parlementaire de la candidature de Ramon Tamames est « une très bonne nouvelle » en raison du « fort soutien » que la majorité du Congrès a apporté une fois de plus au gouvernement. Pour la ministre des Finances et numéro deux socialiste, María Jesús Montero, la motion de censure a servi à démontrer que « la droite n'a pas de propositions » autres que la disqualification et les insultes. Cette nouvelle motion de censure, qui était vouée à l'échec, a constitué la première mise en scène des partis politiques espagnols avant la bataille définitive prévue lors de la campagne électorale du scrutin du 28 mai.