Le parlement, en ses deux chambres, a organisé, ce lundi 23 janvier, une séance plénière commune, consacrée à la discussion des récentes positions du Parlement européen (PE) à l'encontre du Maroc, que les partis ont clairement dénoncées. En ce sens, l'institution législative marocaine a annoncé sa décision de reconsidérer ses relations avec le PE. Les composantes des deux chambres du parlement se sont retrouvées ce lundi pour discuter des dernières positions du parlement européen, en particulier l'adoption de deux amendements dans le cadre du « Rapport concernant la mise en œuvre de la politique étrangère et de sécurité commune – 2022 ». La séance plénière a été co-présidée par les deux présidents des deux chambres, Rachid Talbi Alami et Naam Miyara. Sans surprise, tous les partis participant à la séance plénière, étonnés et déçus par le déroulement des faits, ont exprimé leur refus vis-à-vis des allégations contenues dans la résolution du Parlement européen. De plus, le Parlement marocain a également annoncé la décision de reconsidérer ses relations avec le PE en les soumettant à une réévaluation globale, afin de prendre des mesures fermes et appropriées suite à leurs dernières positions. Le RNI'iste Mohamed Ghiat, a souligné lors de son intervention que le parlement européen a organisé la session de vote en l'absence de la majorité des membres du parti populaire européen, notant que ces derniers ont refusé de faire part « d'une action dont l'apparence est la défense des droits de l'homme et de la liberté de la presse, tandis qu'elle ne comprend que des intrigues, des agendas et des intérêts qui se sont croisés pour créer une position surréaliste ». « Ils méprisent les décisions judiciaires qui remplissaient toutes les conditions d'un procès équitable et émanaient d'une autorité indépendante protégée par la constitution marocaine et les lois la réglementant conformément aux normes internationales », indique-t-il, ajoutant que le développement que connaissent les différents secteurs a fait du Maroc un pôle pivot et un acteur international très présent, d'où se justifient ces attaques. Intervenant au nom du PAM, Ahmed Touizi a déclaré que son parti rejette catégoriquement « l'attaque claire et systématique lancée par le Parlement européen contre notre pays, l'ingérence ignoble dans les affaires intérieures et la tentative désespérée d'influencer le pouvoir judiciaire marocain indépendant ». « Comment le Maroc et ses institutions et organisations peuvent-ils comprendre ce ciblage, alors que le dossier des droits de l'homme a été réglé par le Maroc depuis des années, à commencer par l'équité, la réconciliation et la ratification d'un grand nombre de traités internationaux encadrant les droits de l'homme et l'indépendance de la justice », s'est-il interrogé. Touizi a notamment saisi l'occasion pour rappeler que certains régimes effectuent toujours des arrestations massives, tiennent des procès illégaux et simulacres dont sont victimes les hommes politiques, les journalistes et les parlementaires. Sans oublier le recours à l'utilisation du pouvoir militaire contre des civils. De sa part, Noureddine Mediane, représentant le parti istiqlalien de l'unité et de l'égalitarisme, a déploré la décision du Parlement européen, « adoptant une soi-disant décision sur le statut des journalistes ». « Nous rejetons catégoriquement et condamnons fermement ces pratiques provocatrices et complots de chantage qui mènent une guerre par procuration ratée au service d'un agenda géostratégique, qui ne fera qu'accroître la force et la constance du Maroc dans la défense de ses intérêts vitaux et de son intégrité territoriale, la consolidation de sa souveraineté et le renforcement de ses multiples partenariats », a-t-il fait savoir. Le PJD'iste, Abdellah Bouanou, a souligné que tous les rapports du parlement depuis 2013 étaient tous corrects jusqu'au dernier rapport en 2022. Il explique ce soudain changement par les progrès du pays dans de nombreux domaines qui sont devenus inquiétants pour certains. « La position de notre parti est de rejeter et de condamner toute ingérence étrangère dans les affaires intérieures du pays », précise le député. Pour Nourddine Slik, s'exprimant au nom du PUMT, plusieurs des pays faisant partie du PE « n'ont pas non plus apprécié le rayonnement de l'équipe nationale à la suite de ce que nous avons réalisé lors des matches de la Coupe du monde, où nous avons exclu les équipes les plus prestigieuses ». Le député fait savoir que « l'affaire est claire et évidente, car les forces qui se cachent derrière le rideau et qui ont poussé ces équipes à se rencontrer ne sont pas innocentes, car leurs fils organisateurs sont clairs maintenant qu'on sent la forte odeur de gaz ». Clôturant la séance, Rachid Talbi Alami a déclaré que le parlement marocain, en ses deux chambres, condamne cette campagne continue contre le pays, dont la dernière en date « a été le vote du Parlement européen sur des recommandations le 19 janvier 2023. Il prend acte avec beaucoup d'étonnement et d'indignation de cette recommandation, qui a détruit le niveau de confiance entre les institutions législatives marocaine et européenne et a affecté le cœur des accumulations positives qui ont mis plusieurs décennies à se réaliser ». Le président de la Chambre des Représentants déplore que « le Parlement européen ait acquiescé à certains partis hostiles en son sein et l'ait entraîné dans leur campagne trompeuse ciblant un partenaire de longue date et crédible qui joue un rôle majeur dans la protection des droits et des libertés et la défense de la paix et de la sécurité régionales et internationales et qui est considéré comme un pilier de stabilité ». Le Parlement marocain considère aussi que cette résolution du PE constitue un dépassement inadmissible de ses prérogatives et attributions, et une attaque inacceptable contre la souveraineté, la dignité et l'indépendance des institutions judiciaires du Royaume. L'institution marocaine a aussi décidé d'informer la Présidence du PE du procès-verbal de cette séance contenant les positions et interventions des présidents et des représentants des différents groupes et groupements parlementaires et les parlementaires sans appartenance politique lors de cette séance, ainsi que des décisions qui seront prises à l'avenir. Dans ce sens, le Parlement marocain appelle les forces politiques européennes à faire preuve de sagesse et de discernement et à rejeter tout amalgame délibéré entre les droits de l'Homme, protégés au Maroc par la Constitution, les lois et les institutions, d'une part, et les allégations véhiculées par certaines parties et organisations connues pour leurs positions hostiles et dogmatiques à l'encontre du Maroc, d'autre part.