A l'instar de chaque année, la communauté amazighe au Maroc célébrera, ce vendredi 13 janvier, le Nouvel An amazigh ou Id-Yennayer, une fête traditionnelle ancestrale présente en Afrique du Nord depuis plusieurs siècles. La soirée du vendredi marquera la 2973è année du calendrier agraire, dont la journée correspond également au premier jour du mois de janvier du calendrier julien qui est décalé de 13 jours par rapport au calendrier grégorien. La détermination de cette date repose sur un évènement significatif de l'histoire du peuple amazigh, un fait historique incontestable qui en fait le point zéro du calendrier. Son choix se porta sur l'an 950 avant Jésus-Christ qui correspond à la date à laquelle le roi berbère Sheshonq ou Chichnaq Ier occupa le trône en Égypte pour fonder la XXIIe dynastie qui régna jusqu'à l'an 715 av. J.-C. Elle représente ainsi la première date de l'histoire berbère, selon l'Académie berbère. Ainsi, Id-Yennayer est une fête très répandue en Afrique du Nord qui réunit toute la communauté berbère célébrant cette journée avec un ensemble de rituels, de coutumes et de traditions particuliers qui allient entre la préparation de repas traditionnels et l'organisation des parades artistiques et culturelles mettant en avant l'identité amazighe. « Id-Yennayer est un rituel traditionnel très ancien en Afrique du Nord. En langue amazighe, cela signifie "Yan" et "Ayyur", c'est-à-dire le premier mois de l'année. C'est une célébration qui est très ancienne et liée à la culture locale amazighe et à l'agriculture, car les communautés amazighes d'Afrique du Nord sont divisées en deux, notant que ce sont des communautés agricoles. Des Amazighs qui s'occupent de l'agriculture et d'autres du pâturage », a expliqué l'activiste amazigh, Abdellah Bochtart. L'activiste précise à Hespress FR que « Id-Yennayer est lié en particulier à l'agriculture depuis l'Antiquité, et les Berbères sont considérés en étant une société antique, dont les historiens les plus anciens ont en parlé et ils les appelaient à l'époque les Libyens. A ce stade, la personne amazighe avait l'habitude d'organiser le temps et les saisons de l'année en fonction des activités qu'elle faisait, et de ce fait les Amazighs avaient commencé à célébrer cette fête en préparant des plats différents selon ce que la terre offre comme aliment ». En effet, la table d'Id-Yennayer varie d'une région à autre. Les familles se regroupent souvent autour d'Ourkimen, un plat traditionnel de la région de Tafraout à base de pieds de veau (ou sans) et de plusieurs types de féculents cuit à feu doux toute la nuit, de Tagoulla ou Tarwayt, un plat particulier du Souss composé d'une purée à base de semoule d'orge ou de maïs et consommée avec de l'huile d'olive, d'argan ou de l'amlou et peut être garnie de dattes, d'amandes ou de noix, en plus d'autres plats aussi festifs. « Dans le sud du Maroc, jusqu'à présent, on se contente de préparer des plats de Tagoulla ou Assida étant donné que dans ces régions désertiques arides on ne cultive que de l'orge. Mais pour les régions oasiennes, par exemple à Doukkala, bien qu'ils ne parlent pas la langue amazighe, ils cuisinent ce qu'on appelle Hagouza pour célébrer la terre puisqu'elle représente le symbole de la fertilité », ajoute Bochtart. Selon l'activiste amazigh, Id-Yennayer commémore l'avènement d'une année agricole qui « est encore célébrée dans toutes les régions du Royaume, qu'elles soient locuteurs ou non, en organisant plusieurs activités et en préparant différents plats et aliments traditionnels ».