Une mission difficile attend le nouveau sélectionneur du Maroc, Walid Regragui: trouver des repères après seulement trois mois en poste, et faire oublier Vahid Halilhodzic, évincé juste avant le Mondial-2022. Son objectif ? Que les Lions de l'Atlas atteignent le premier quart de finale de leur histoire au Mondial. Auréolé d'une saison flamboyante à la tête du Wydad Casablanca (WAC), champion d'Afrique et du Maroc en titre, l'expérimenté sélectionneur tentera d'insuffler une dynamique similaire à l'équipe nationale. « C'est une opportunité extraordinaire pour un ex-joueur comme moi, qui a porté le maillot de la sélection plus d'une quarantaine de fois », a déclaré Walid Regragui dans un entretien diffusé par Canal+, se disant prêt « à relever le challenge ». Le défi est de taille mais le pugnace quadragénaire au crâne chauve est réputé pour sa forte personnalité, sa ténacité et une mentalité de gagnant. Il est le premier entraîneur national marocain depuis 2016, succédant au Franco-bosnien Halilhodzic (2019-2022) et au Français Hervé Renard (2016-2019). « Des lions, pas des moutons » Son arrivée fin août a permis le retour de la star Hakim Ziyech (Chelsea) qui avait annoncé précédemment sa retraite internationale sur fond de brouille avec « coach Vahid ». « C'est un joueur qui aime son pays et il l'a prouvé dès ses débuts en choisissant de défendre les couleurs du Maroc », a justifié le nouveau coach marocain il y a quelques semaines. « Je préfère des joueurs qui ont du caractère. Avec des moutons, vous ne pouvez rien gagner, il faut des lions ». Après avoir fait ses premières armes en tant qu'entraîneur du Fath Union Sport (FUS) entre 2014 et 2020, le club de Rabat qu'il mène à son premier titre national en 2016, Regragui passe pendant quelques mois par le club qatari Al-Duhail avant de rejoindre le Wydad Casablanca il y a un an. Depuis, l'ex-défenseur marocain, qui possède la nationalité française, a réussi à empocher avec le Wydad la dernière Ligue des champions d'Afrique (CAF), aux dépens du grand rival égyptien Al-Ahly (2-0), et à conserver sa couronne de champion du Maroc en 2022. Né à Corbeil-Essonne, en banlieue parisienne, de parents originaires de Fnideq (nord du Maroc), il a commencé sa carrière sportive sur le tard, en 1998 avec le Racing Club de France (RCF), alors en National. Parallèlement, il a tenu à réaliser le rêve de son père en décrochant un diplôme universitaire en sciences économiques et sociales. Il s'illustre ensuite à Toulouse (1999-2001) puis Ajaccio (2001-2004). Ses performances lui valent d'être appelé en sélection nationale marocaine avec laquelle il disputera 45 matches et une finale de la Coupe d'Afrique en 2004, perdue contre la Tunisie. Après cette CAN remarquée, l'élégant arrière droit rejoint durant deux saisons le Racing de Santander, en Espagne, avant de retourner en France pour évoluer à Dijon et Grenoble puis de raccrocher les crampons. Il envisage alors une carrière d'entraîneur et commence comme adjoint du sélectionneur des Lions Rachid Taoussi en 2013. Les années suivantes, Walid Regragui remporte la Coupe du Trône (la Coupe du Maroc) en 2014 puis le championnat en 2016 avec le FUS, brisant l'hégémonie des deux géants casablancais, le Raja et le Wydad. Style offensif Il devient ainsi l'un des entraîneurs marocains les plus courtisés de sa génération, apprécié pour son style offensif — on a reproché à Halilhodzic un jeu trop fermé — qui a conquis les supporters des « Rouges ». Le coach séduit aussi par sa verve caustique et des propos sans filtre. « Je fais des déclarations spontanées et d'autres calculées, c'est aux journalistes de les distinguer », s'amuse-t-il. « Je ne m'intéresse pas aux réactions que provoquent mes propos. Je travaille avec dévouement et quand je m'exprime, je le fais sincèrement », dit-il encore. A la tête des Lions de l'Atlas, Regragui devra porter les attentes de toute une nation fanatique du ballon rond. Et tenter de faire mieux que la sélection marocaine de 1986, première équipe africaine de l'histoire à atteindre un huitième de finale du Mondial.