L'Afrique continue d'être prisonnière du manque de volonté et d'un fonctionnement au ralenti au sein de l'Union africaine qui souffre d'un défaut de leadership, ont affirmé des experts et diplomates mercredi lors du forum MEDays qui se tient à Tanger. Depuis la création de l'OUA en 1963 (devenue UA en 2002), les Etats d'Afrique planchent encore sur le sujet de l'intégration du continent et restent dépendants de l'occident. Intervenant lors du forum, l'ancien ministre des Affaires étrangères des Comores, Fahmi Said Ibrahim El Maceli, a affirmé que l'une des bases pour simplifier l'intégration et l'architecture de l'Union africaine (UA) est d'assurer la sécurité de l'Afrique par ses propres moyens et de ne pas attendre des forces étrangères pour cette tâche. Dans le même contexte sécuritaire qui est devenu d'une importance capitale pour le continent en proie à la menace djihadiste et séparatiste, l'ex-ministre des Affaires étrangères sénégalais Cheikh Tidiane Gadio, a relevé l'aggravation de la situation sécuritaire dans plusieurs pays africains, citant notamment le Mali et le Burkina Faso où le pays est devenu presque à 50 % contrôlé par les groupes djihadistes. « L'Afrique va mal », a-t-il affirmé en parlant d'un constat sans équivoque, ajoutant que « le terrorisme commence au sud de l'Algérie » et se propage et se métastase dans d'autres pays. « On vit un véritable drame », a-t-il lancé, en soulignant qu'avant toute chose il faut retourner aux fondamentaux en se dotant d'une stratégie de développement et une stratégie de sécurité. Dénonçant « la balkanisation de l'Afrique », l'ancien chef de la diplomatie a dit « non à des Etats nains » en Afrique qui plongent le continent dans le sous-développement. L'Afrique, a-t-il poursuivi, constitue un cinquième de la population mondiale soit la même proportion que la Chine, pourtant l'Afrique ne produit que 3 % du PIB mondial contre 18 % pour la Chine. Le continent cumule plusieurs lacunes dans le fonctionnement de l'UA et qui minent la paix et la sécurité, selon l'ancien Premier ministre malien, Moussa Mara, l'Union africaine doit d'abord être visible et soutenue par les sociétés africaines qui ne la connaissent pas. L'UA, qui manque de leadership, devrait créer un groupement des pays les plus importants pour tirer le continent vers le développement et devrait aussi mettre en œuvre son projet de force africaine, des soldats de paix africains, qui reste encore aujourd'hui en attente. Plusieurs autres questions restent en suspens depuis plusieurs années sans aucune avancée notable. Parmi elles figurent la question du passeport et du visa africain, l'enjeu de la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU pour donner un siège permanent à l'UA selon sa présidence tournante.