Alger, qui brigue mordicus un siège au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, a été prié de repasser par UN-Watch. C'est en tout cas l'avis que donne l'ONG chargée par l'Organisation des Nations Unies du suivi des questions des droits de l'Homme au niveau mondial. En effet, dans son rapport d'évaluation de l'éligibilité des pays candidats à l'élection au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies qui vient d'être publié, ce lundi 3 octobre, UN-Watch a placé l'Algérie hors-jeu. Mais pas seulement, car avant l'élection, la semaine prochaine de 14 nations à son plus haut organe de défense des droits de l'homme, cinq pays sont dans le même sac. Une coalition de groupes et organisations non gouvernementaux de défense des droits de l'homme d'Europe, des Etats-Unis et du Canada a appelé aujourd'hui les Etats membres de l'ONU à s'opposer à l'élection de l'Afghanistan, de l'Algérie, du Soudan, du Venezuela et du Vietnam. Ces pays qui ont été jugés « non qualifiés » en raison de leurs antécédents en matière de droits de l'homme ainsi que de leurs votes sur les résolutions de l'ONU concernant les droits de l'homme. Mais ce n'est pas gagné pour autant. Ces pays « ne répondent pas aux critères onusiens pour siéger au Conseil » au vu de leurs réalités nationales marquées par le non-respect des droits de l'Homme et au vu de leur ressentiment à l'égard de l'ONU quant à leurs différents votes. Ce réquisitoire a valeur de nouvelle gifle pour le régime algérien, car les caporaux séniles avaient pour espoir de redorer un blason souillé de sang versé par ses citoyens au nom de la liberté et par la paille de ses geôles. UN-Watch a qualifié l'Algérie de pays « non libre politiquement », qui commet de « graves violations des droits de l'homme ». Et UN-Watch de détailler dans son rapport conjoint d'ONG publié conjointement avec le Centre Raoul Wallenberg pour les droits de l'homme et distribué aux diplomates de l'ONU, les abus commis par l'Algérie et consorts « la torture, les arrestations arbitraires, le manque d'indépendance du pouvoir judiciaire, l'ingérence illégale dans la vie privée, les restrictions à la liberté d'expression, la corruption, la traite des personnes, la criminalisation des comportements homosexuels et le travail des enfants entre autres » et la liste n'est pas exhaustive. Le rapport indique que les élections parlementaires algériennes, de juin 2021, ont été critiquées pour « leur caractère frauduleux ». Cerise sur le gâteau pour le régime des séniles d'Alger « la corruption généralisée et le manque de transparence, dont il souffre ». L'ONG rappelle également qu'Alger réprime le mouvement pro-démocratie « Hirak », depuis 2020, tout en étouffant les libertés des membres du groupe d'opposition « Rachad » et du « Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie » (MAK). A la décharge du régime des capos, le vote contre des résolutions de l'ONU en faveur des victimes des droits humains en Iran, en Syrie, en Biélorussie et au Burundi, lors du mandat au Conseil des droits de l'homme de 2014 à 2016. Le Royaume pour sa part qui est loin d'être sur la même longueur d'onde que son voisin de l'est devra s'atteler cependant à quelques menus correctifs en matière de droits de l'homme, pour consolider son siège au Conseil. Parce qu'il n'y a pas de concurrence dans le groupe régional africain, avec quatre candidats pour quatre sièges disponibles, l'Algérie et le Soudan, tous deux classés comme « non libres » par Freedom House, sont presque assurés de gagner, à moins que les Etats membres ne prennent la décision exceptionnelle de refuser d'approuver les candidats qui se présentent sur une table rase. « Malheureusement, tout indique que l'ONU ignorera ses propres règles et principes le 11 octobre en approuvant automatiquement l'élection de l'Algérie et du Soudan – même si ces régimes violent systématiquement les droits humains de leurs propres citoyens », a déclaré Hillel Neuer d'UN-Watch basé à Genève, ajoutant « qu'ils entravent constamment les initiatives de l'ONU visant à protéger les droits humains d'autrui ». Pour sa part, Irwin Cotler, directeur du Centre Raoul Wallenberg pour les droits de l'homme et ancien ministre canadien de la Justice, a ajouté : « Malheureusement, lorsque l'ONU elle-même finit par élire des violateurs des droits de l'homme au Conseil des droits de l'homme, elle se livre à la culture même de l'impunité qu'elle est censée combattre. Les démocraties du monde doivent s'associer à la préservation et à la protection du mandat du Conseil et ne pas devenir complices de sa violation ».