Les cours du pétrole ont enchaîné une seconde séance de hausse soutenue vendredi, grâce à la poursuite d'un rebond technique, un regain d'appétit pour le risque, le repli du dollar et des craintes sur l'offre. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre a escaladé de 4,13%, pour clôturer à 92,84 dollars. Quant au baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en octobre, il a lui pris 3,89%, pour finir à 86,79 dollars. La confirmation de l'inflexion de jeudi « tient surtout au retour de l'appétit pour le risque », a commenté John Kilduff, d'Again Capital. Ce changement d'atmosphère a fait reculer le dollar, valeur refuge, ce qui a bénéficié aux cours de l'or noir, dont les échanges sont, pour l'essentiel, libellés en billets verts. L'analyste a aussi attribué l'accélération du brut au message de la Maison Blanche, qui a indiqué qu'elle n'envisageait pas de continuer à puiser massivement dans les réserves stratégiques après octobre, horizon fixé jusqu'ici. La communication contredisait des déclarations à l'agence Reuters de la secrétaire à l'Énergie, Jennifer Granholm, qui avait évoqué une possible poursuite du programme. En un an, les stocks stratégiques ont fondu de plus de 178 millions de barils, sous l'effet de la décision du président américain Joe Biden de les libérer massivement pour soulager les cours, et sont à leur plus bas niveau depuis près de 38 ans. La fin du programme priverait le marché de quantités importantes de brut, le rythme atteignant souvent un million de barils par jour depuis le lancement, au printemps. Les prix s'appuyaient aussi sur la menace proférée mercredi par le président Vladimir Poutine d'arrêter toutes livraisons d'hydrocarbures aux pays qui plafonneraient les prix du pétrole russe exporté, projet en préparation au sein du G7. Sur le plan technique, le seuil de prix atteints mercredi, au plus bas depuis janvier, « a ramené les chasseurs de bonnes affaires » et incité les spéculateurs à la baisse à couvrir leurs positions et à racheter, a expliqué John Kilduff. L'analyste s'attend à voir ce rebond s'essouffler, car les craintes d'une récession globale demeurent et la vague de confinements en Chine « est très mauvaise pour les fondamentaux et la demande ». « Il y a encore un vrai potentiel pour repartir à la baisse et tester » les plus bas récents, selon lui.