La Botola Pro a repris avec son lot de hooliganisme et d'émeutes dans les stades et à l'extérieur, comme constaté lors des matchs de ce week-end disputés notamment entre le Wydad de Casablanca et le Fath Union Sports (FUS) de Rabat, le MC Oujda et les FAR de Rabat ainsi que le MAS de Fès et le Moghreb de Tétouan. En marge de ces matchs de la Botola Pro, les opérations de sécurité menées par les services de la Sûreté nationale à Rabat, ont abouti à l'arrestation de 81 personnes dont 46 mineurs d'après un communiqué de la Direction générale de la sureté nationale (DGSN), ainsi que la saisi, avant le match du vendredi, de 35 armes blanches et des psychotropes qui étaient en possession des prévenus, Tandis qu'à Oujda, la police a arrêté quelque 12 individus dont quatre mineurs impliquée dans des actes de hooliganisme, alors qu'à Fès, 32 individus ont été interpellés, dont 11 mineurs. Malgré les efforts déployés depuis des années pour sécuriser les rencontres sportives et combattre les émeutes liées à la compétition sportive, les manifestations de violences et d'émeutes dans les stades marocains, en particulier ceux impliquant des mineurs lors des matches, sont revenues en force pour marquer la rentrée du championnat national dans sa nouvelle saison. En revanche, le retour des compétitions footbalistiques a connu l'envoi par les supporters de nombreux messages politiques fort, comme constaté dans le magnifique tifo déployé par les Fatal Tigers, supporters du Maghreb de Fès, samedi, où ils ont écrit « Notre Sahara, Notre patrie ». Entre les messages forts exprimés par les supporters et les actes de violences et de sabotages qui nuisent à l'image du football au Maroc, Abderrahim Bourguia, enseignant-chercheur à l'Institut des sciences du sport de l'Université Hassan I de Settat, a estimé que « ce week-end a connu la commercialisation par les Ultras et les supporters marocains, de deux images complètement différentes et opposées ». Dans une déclaration à Hespress, Bourguia a salué ce qu'il a considéré comme « une forme créative et brillante qui donne de l'optimisme, de l'espoir et du réconfort aux jeunes qui représentent une large catégorie de la société marocaine, et issus de famille modeste et simple qui ne vivent pas dans le luxe. Mais ils ont tout de même décidé d'exercer une activité d'Ultras de manière civilisée et honorable, en exprimant leur opinion, qui est l'opinion de tout Marocain qui aime sa patrie et cette terre, qui est le Sahara marocain ». Le même chercheur, titulaire d'une thèse de doctorat sur le sujet, a souligné que les Fatal Tigers de Fès ont dessiné un très beau tableau, avant de souligner que « les Ultras ont bien affirmé être conscients de ce qui se passe autour d'eux, contrairement à ce qui est diffusé par certains harceleurs qui les décrivent comme des émeutiers ». « Le mouvement des Ultras ne se contente pas seulement d'encourager l'équipe et défendre ses intérêts, il est allé au-delà de la dénonciation de ce qui se passe autour de lui en défendant les intérêts du pays et du peuple », a-t-il ajouté. Par ailleurs, le chercheur a souligné que « nous avons tout de même été témoins d'incidents violents de la part d'une partie du public qui était à Rabat après le match entre le FUS de Rabat et le Wydad », notant que « quelle que soit la faction impliquée dans ses agressions, ce qui s'est passé n'est qu'un pur produit de la société marocaine ». Le chercheur n'a donc pas été surpris par ses actes « à la lumière de l'analphabétisme endémique et de l'ignorance aggravée et des politiques publiques d'accompagnement qui n'investissent pas dans la construction d'une société responsable, sûre d'elle et respectueuse des autres ». Ainsi, le docteur en sciences sociales, spécialiste des Ultras, a noté que « les incidents de violence ne sont qu'un miroir de la société, et le résultat d'une absence totale des principaux acteurs de l'éducation sociale, dont le rôle est inculqué à la famille, l'école et les centres de jeunesse, ainsi que la société civile et les acteurs concernés par les politiques publiques en faveur de la jeunesse, des enfants et des adolescents dans les domaines éducatif, culturel et sportif ». Sur un ton plutôt triste, Pr. Abderrahim Bourguia a estimé que « compte tenu de l'absence de responsables conscients de leur rôle dans le pays, il n'y aura pas de solution radicale au phénomène de la violence au Maroc, et l'appareil sécuritaires ainsi que les autorités locales resteront les seuls à affronter ce phénomène qui sévit depuis des années ».