Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a expliqué ce mercredi au Congrès le pourquoi du changement de la position espagnole à l'égard du Sahara marocain, près de deux mois après que le gouvernement l'ait rendue publique. Un tournant qui signifiait que l'Espagne prenait ouvertement le parti de Rabat en considérant sa proposition comme « la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend ». Ce sont au demeurant les mêmes mots que Sanchez a prononcés en réitérant la position de l'Exécutif espagnol devant le Congrès. Le président de l'Exécutif espagnol a insisté sur le fait que la proposition d'autonomie du Maroc sur le Sahara était la « base la plus sérieuse, crédible et réaliste » pour résoudre « un conflit trop long », dans le cadre de l'ONU. « Nous avons besoin d'une sortie consensuelle », a-t-il ajouté. « L'Espagne a un intérêt particulier à résoudre ce conflit », a déclaré Sanchez à propos du Sahara. Il a insisté sur le fait que la normalisation des relations avec le Maroc est une affaire d'Etat. Devant la session plénière du Congrès des députés, Sanchez a une fois de plus défendu le plan marocain d'autonomie pour le Sahara soulignant que de plus en plus de pays s'y alignent. « Nous voulons ardemment cette solution et nous ferons tout notre possible pour concrétiser une solution. La France soutient la proposition marocaine, et de la même manière le président de l'Allemagne a reconnu que la proposition marocaine est sérieuse et crédible, comme le reconnaissent également les Etats-Unis, ou comme les Pays-Bas ont rejoint cette position en mai ». En ce sens, a-t-il déclaré, « 47 ans devraient suffire pour comprendre qu'il faut faire bouger nos positions », a soutenu le président, en s'adressant au reste des partis qui ont critiqué le tournant du gouvernement. Pedro Sanchez a, en outre, défendu le souhait de favoriser le dialogue et la recherche d'une solution mutuellement acceptable entre les parties parrainées par l'ONU. Sanchez a souligné que la nouvelle position de l'Espagne avec le Maroc n'altère en aucun cas la souveraineté espagnole de Sebta et Melilla, villes où il espère désormais qu'une « frontière douanière normale puisse être effective, avec un commerce régulé et réglementé, comme le meilleur moyen de mettre fin au commerce atypique qui les caractérisait ». Le chef de l'Exécutif espagnol a rappelé la déclaration commune signée le 7 avril après une rencontre au Maroc avec le Roi Mohammed VI, qui représente « un nouveau cadre d'entente » avec le voisin du sud, grâce auquel un canal de communication a été ouvert « pour clarifier tout malentendu ». C'est du reste dans ce cadre que l'ouverture de la frontière dans les deux villes a été convenu et l'engagement « de respect mutuel a été acquis, pour éviter que tout ce que nous savons et faisons n'offense l'autre partie. Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a exhorté les autres parties à "changer de position" par rapport au Sahara, comme le gouvernement l'a déjà fait, tout en précisant que l' « espagnolité » de Sebta et Melilla n'est pas en cause. La « nouvelle relation du XXIe siècle » entamée avec le Maroc n'a été possible que grâce au tournant historique de la politique espagnole sur le Sahara ce qui a permis une réorientation des relations. Mais en revanche elle a déclenché une cataracte de conséquences dont une division interne du gouvernement et surtout la rupture avec un autre voisin du sud, l'Algérie.