Le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a expliqué en ce matin de mercredi, devant les députés espagnols, sa politique économique, mais également sa politique internationale. Il s'est prononcé, pour une première fois publiquement, sur la position de l'Espagne en faveur de la proposition d'autonomie du Maroc quant au Sahara marocain. « L'Espagne considère la proposition marocaine d'autonomie présentée en 2007 comme la base la plus sérieuse, crédible et réaliste pour résoudre ce différend qui dure depuis 46 ans » Sanchez a réaffirmé que l'ONU « est le cadre pour résoudre la question du Sahara. C'est le seul possible, il n'y en a pas d'autres », a-t-il insisté. « L'Espagne soutient que la solution au conflit soit une solution mutuellement acceptée par les parties, car c'est aussi la seule solution possible. Seules les parties peuvent décider si la solution proposée est acceptée par elles. Personne d'autre », a-t-il souligné. Face aux critiques unanimes que le président du gouvernement a reçues, tant de la gauche que de la droite, le chef de l'exécutif a assuré qu'une « fenêtre d'opportunité » à ne pas manquer s'était ouverte et a souligné devant les députés « Je revendique le chemin que nous avons parcouru, celui de la vraie politique, le sens de l'Etat, la stabilité, la prospérité et la sécurité de Sebta et Melilla, de l'Espagne et de toute l'Europe ». A la veille du déplacement à Rabat, ce vendredi du ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, Pedro Sanchez a donc expliqué au Congrès sa « vraie politique » dans le nouveau cadre de relations établi entre l'Espagne et le Maroc, qui selon lui est « un pas de plus vers une solution sur la question du Sahara ». Le chef de l'exécutif espagnol a en outre affirmé que le Maroc, « un pays géographiquement voisin est un partenaire stratégique indispensable ». Sanchez a également souligné que « des années d'histoire, de relations humaines, d'accords et de liens qui nous lient ont forgé au fil du temps des intérêts communs », ajoutant qu'il y a eu « des périodes de grande stabilité et des moments de plus grande anxiété, dans lesquels les deux pays et leurs citoyens ont sans aucun doute gagné et perdu ». Faisant allusion à la crise diplomatique de 2002, « la position de l'opposition socialiste a toujours été claire : le dialogue et la diplomatie comme formules essentielles pour converger vers la solution idoine ». Aussi, Pedro Sanchez a assuré que la nouvelle étape des relations entre l'Espagne et le Maroc dont il a la ferme volonté de promouvoir « aura une feuille de route claire et ambitieuse, afin de clore une crise qui a causé trop de tort à nos deux pays ». Le chef de l'exécutif espagnol a averti que son objectif était double : « Défendre les intérêts de l'Espagne et le faire dans l'esprit de l'Union européenne et de l'ordre multilatéral exprimé dans les résolutions des Nations Unies ». Il a soutenu la nouvelle relation entre Madrid et Rabat, reflétée dans sa lettre au roi Mohammed VI comme une « base de la transparence et de la communication permanente, le respect mutuel et celui des accords signés par les deux parties ainsi que l'abstention de toute action unilatérale, afin d'empêcher de futures crises. Nous allons garantir un territoire sûr, avec une frontière capable d'assurer le respect du contrôle des personnes et des biens », a-t-il assuré. A cette fin, il a annoncé qu'un groupe interministériel a été formé « pour proposer des scénarios et des options de réouverture des frontières, y compris un protocole qui définit les critères d'entrée sur le territoire espagnol et assure un trafic sûr et fluide ». Mais le virage diplomatique, envers et contre tous, de Pedro Sanchez, ayant pour but d'obtenir une « totale coopération » de Rabat sur le plusieurs dossiers, n'est pas du goût de tous, aussi bien au sein de son gouvernement que dans l'opposition qu'au-delà des frontières espagnoles (Algérie). Mais c'est une position, selon président du gouvernement, qui est « alignée sur celle des partenaires européens et des autres pays. La France, l'Allemagne, l'Union européenne, les Etats-Unis et toutes les résolutions des Nations unies donnent leur aval aux efforts sérieux et crédibles du Maroc. C'est une position claire, mais pas nouvelle par rapport aux autres gouvernements », a rappelé Sanchez, pour souligner : « Je ne minimise pas la décision que j'ai prise, c'est un pas en avant, mais les autres gouvernements ont toujours compris son énorme complexité et je leur demande de valoriser cette complexité ».