Le Groupe OCP, qui figure dans le top cinq des producteurs mondiaux avec l'Américain Mosaic, les Russes PhosAgro, EuroChem et deux acteurs chinois (GPCG et YTH), avait gelé ses exportations à destination du juteux marché nord-américain, accusé en cela de concurrence déloyale par Mosaic. Ce dernier, cherchant à établir un monopole national, avait entrainé le Groupe OCP dans une bataille juridique inédite auprès du département du Commerce américain et de la Commission américaine du commerce international (ITC) des Etats-Unis, accusant le groupe marocain de bénéficier de subventions et avait demandé l'application de droits de douane compensatoires sur les produits marocains et russes. Défendant sa position l'OCP avait indiqué qu'il ne « bénéficiait d'aucune subvention étatique et que les importations d'engrais phosphatés en provenance du Maroc ne causent aucun préjudice à l'industrie locale américaine ». L'ITC avait décidé d'appliquer des droits compensateurs de 19,97 % alors que Mosaic réclamait 70 % de l'application des droits. En juin dernier le Groupe OCP avait fait appel auprès de la Cour fédérale du Commerce International des États-Unis (US Court of International Trade) des décisions ayant abouti à l'imposition de droits compensateurs sur les importations sur le marché américain d'engrais phosphatés en provenance du Maroc. Une procédure visant à contester les décisions infondées de la Commission américaine du Commerce International (ITC) et du Département américain du Commerce (DOC) portant respectivement sur le préjudice causé à l'industrie locale des engrais et le taux appliqué. Parallèlement le Groupe OCP est intervenu également à l'encontre de la procédure en appel initiée par Mosaic visant à accroitre le niveau des droits appliqués. x Publicité Aujourd'hui, il y a des prémisses à un retour sur le marché américain. Alors qu'ils n'étaient que dix-sept sénateurs à soutenir le groupe marocain et quelques acteurs et lobbys agricoles au tout début, ils sont une soixantaine de parlementaires des deux tendances à demander à l'ITC de supprimer les droits compensateurs sur les importations d'engrais phosphatés du Groupe OCP. A priori l'affaire semble mieux engagée. A quelque chose malheur est bon, la situation en Ukraine semble avoir ouvert des boulevards. En effet les prix des engrais phosphatés se sont envolés, avec la flambée des prix du gaz et la demande des autorités russes à ses producteurs d'engrais de suspendre les exportations. Conséquences, une forte préoccupation des agriculteurs américains qui du coup ne semblent pas entrains à vouloir planter en ce printemps à cause de l'envolée des pris des engrais. D'un autre côté on reproche à Mosaic d'être derrière une hausse vertigineuse des prix à son profit évidemment, mais au détriment des agriculteurs américains. Dernièrement, les lobbys agricoles dont le puissant National Corn Growers Association (NCGA) ont protesté par écrit auprès de l'ITC et de Mosaic accusant ce dernier d'avoir mis en place une barrière tarifaire que ne peuvent surmonter ses concurrents (Groupe OCP et PhosAgro et EuroChem). Devant cette situation et dans l'esprit de soutien et de préoccupation face à la situation de l'approvisionnement, une lettre signée par la soixantaine de parlementaires dont des sénateurs a été également adressée à l'ITC, demandant de supprimer ou plutôt de « reconsidérer les droits imposés sur les produits d'engrais phosphatés importés du Maroc ».