Les 23 détenus du Hirak du Rif à Casablanca ont annoncé, le 25 octobre, par le biais de l'une des avocates de leur comité de défense, être rentrés dans une grève de la faim. Dans la foulée, la Délégation générale à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) a également donné sa version des faits. Les détails. Tout a commencé par une sortie médiatique de l'avocate Bouchra Rouissi. Membre du Comité de défense des détenus du Hirak du Rif, elle a déclaré que « le leader Nasser Zefzafi a entamé, avec les 22 détenus du Hirak à Casablanca, une grève de la faim en guise de protestation contre le traitement qui leur est infligé par l'administration du pénitencier où ils purgent leurs peines ». Joint par Hespress FR, le coordinateur de l'Association Thafra pour la fidélité et la solidarité, regroupant les familles des détenus du Hirak rifain, Jamal Mahdali confirme cette information. Cette décision serait justifiée, selon lui, par « le traitement humiliant et provoquant » qu'auraient subi les familles des détenus au cours des récentes visites à la prison d'Oukacha de Casablanca. Et pourtant, « les conditions de détentions des 23 militants se sont améliorées depuis la suspension de la grève de la faim que Nasser Zefzafi avait récemment observée (du 31 août au 6 septembre dernier, ndlr) », explique notre source. Une « amélioration » dans la mesure où « Nasser Zefzafi a pu sortir de la cellule individuelle qu'il occupait depuis son arrestation en juin 2017 ». « Les familles ont commencé à être fouillés de façon provocante durant ces dernières semaines, et certaines femmes ont été obligées de se dénuder avant de pouvoir rencontrer leurs proches détenus » signifie Jamal Mahdadi. Informé de ce traitement à la suite des visites permises le mercredi 24 octobre, le groupe des 23 détenus du Hirak a « à l'unanimité » pris la décision d'entamer ce jeûne de protestation à partir du lendemain jeudi. L'autre incident qui aurait justifié cette grève serait, d'après le coordinateur de l'association des familles des détenus, « le refus de l'administration d'autoriser le détenu Bilal Ahabbad à assister aux funérailles de sa mère vendredi à Al Hoceima ». Ceci aurait conduit l'administration de la prison à « procéder à une intervention musclée dans les cellules des détenus en fouillant leurs affaires », considère Jamal Mahdadi. Démenti de la DGAPR En réaction à la sortie de l'avocate Bouchra Rouissi, la Délégation générale à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) a rendu public un communiqué daté du jeudi 25 octobre où il nie l'entrée en grève des 23 détenus. Le document dont Hespress détient une copie ajoute qu'il y affirme qu'« une perquisition dans les chambres d'un groupe de détenus dans le contexte des événements survenus à Al Hoceima a permis d'arrêter un certain nombre d'objets interdits, notamment un téléphone sous forme de montre-bracelet, ainsi que d'autres appareils électroniques ». Pour l'administration dirigée par Mohamed Salah Tamek, « certains détenus ont menacé de faire grève de la faim afin de camoufler et de dissimuler les objets interdits et saisis en leur possession, en plus des pressions exercées sur l'administration afin de ne pas appliquer la loi ». Conséquence : la DGAPR a annoncé avoir « conduit cette dernière à isoler les grévistes de la faim dans des cellules individuelles d'isolement, conformément au règlement adopté en cas de grève de la faim ». Enfin, l'établissement responsable des pénitenciers du royaume ponctue en affirmant que « les prisonniers ont été convaincus de renoncer à la grève de la faim en l'attestant dans un document qu'ils ont signé ».