Le dynamisme du développement économique qui petit à petit s'opère dans le nord du Maroc soulève l'appréhension des acteurs politiques dans les deux enclaves occupées par l'Espagne, après que Rabat ait mis fin à « la contrebande » en fermant les postes frontaliers, ce qui a aggravé encore plus une crise économique à Sebta et Melilla déjà bien entachée par Dame Covid. Le trafic de marchandises en contrebande à son apogée, il y a plus de deux ans, c'était jusqu'à 9 000 porteurs et 10 000 voitures qui vivotaient sous l'égide de ce commerce atypique (appelé ainsi en Espagne par « euphémisme "). Il déplaçait au moins plus de 50 % de ce que Sebta importait de la péninsule. Des spécialistes en Espagne estiment que des marchandises d'un coût d'au moins 500 millions d'euros, importées par Sebta en 2018, se sont retrouvées au Maroc. Un commerce florissant, à tel point qu'il y a environ plus de deux ans, le Maroc et l'Espagne créaient même un passage spécifique pour le portage (Tarajal II). Ce fut un temps et aujourd'hui, il y a des grossistes qui ont déjà connu une baisse de 30 à 40 % de leur chiffre d'affaires, reconnaît-on de l'autre côté. L'effet domino est tel qu'on estime que le travail « a chuté de plus de 70 % » dans l'enclave qui dépasse aisément les 35 % de taux de chômage. C'est dire si la fin du portage à Sebta est devenue une crise politique difficile à gérer dans les présides occupés. Au Maroc, les pouvoirs publics ont lancé l'an dernier une série de projets économiques à M'diq, Fnideq et à Tétouan, en créant une « zone commerciale » qui attirerait des entreprises internationales dans le nord du Maroc. Le but étant d'employer la population locale qui se ressentait de l'absence d'opportunités d'emploi. Aussi, dès la fermeture des frontières en mars 2020, ils se sont activés pour lancer des chantiers visant à « compenser » l'impact de la contrebande par d'autres activités alternatives et projets, créateurs de nouveaux emplois. Concrètement, sur le terrain les travaux vont bon train avec par exemple la construction d'une zone industrielle dans le quartier « Haidara » dans la ville de Fnideq, où les études techniques ont été achevées, et les travaux d'excavation, de construction de routes, de réseaux d'eau et d'électricité, d'éclairage public et de désinfection sont en cours. Récemment, trois accords d'investissement ont été signés avec des entreprises internationales pour revaloriser Mdiq-Fnideq. Des sources médias espagnoles ont indiqué que le Maroc mettait la dernière main au plan de relance économique de la région du Nord, qui a été touchée par les répercussions de la pandémie, ce qui affecterait négativement la dynamique économique à Sebta et Melilla. Sollicité par Hespress, le chercheur et expert militaire, Mohamed Choucair a décrit ces développements internationaux en disant que « les politiques récentes adoptées au Maroc visent à donner la priorité à l'approche économique avec des objectifs politiques sur la solution militaire, car l'objectif unifié est manifestement la récupération des deux présides ». Choucair a en outre ajouté que « l'approche économique était basée sur la fermeture des points de passage de Sebta et Melilla, puis le siège des produits espagnols, parallèlement à la réhabilitation de la Méditerranée en même temps, ainsi que la construction d'un groupe de ports dans la région du nord, et la création d'une zone économique franche à Fnideq ». L'intervenant poursuit : « Les projets sont multidimensionnels, mais ils partagent un objectif commun, qui est de créer des opportunités d'emploi pour la population touchée par la fermeture des deux postes frontaliers, et ainsi contribuer à la réhabilitation de la région nord, qui est la porte d'entrée du Maroc sur le continent européen » a encore déclaré, le chercheur, qui conclut que « l'Espagne a absorbé des démarches marocaines et elle a vivement protesté contre des projets économiques, comme la fameuse ferme piscicole ».