Les hôteliers marocains perdent patience. A l'approche des fêtes de fin d'année, les professionnels du secteur lourdement touchés par la fermeture des frontières, craignent un durcissement des mesures sanitaires, tandis que les Marocains sont de moins en moins enclins aux célébrations. La propagation rapide du nouveau variant Omicron, notamment en Europe et en Afrique, a poussé le Royaume à anticiper une nouvelle vague en fermant ses frontières. Une décision qui remet un coup au tourisme déjà mal en point depuis l'apparition du Covid-19, tandis que les autorités justifient ces mesures drastiques par la nécessité « de préserver les acquis du Maroc dans la lutte contre la pandémie ». Si certains trépignaient d'impatience à l'approche des fêtes de fin d'année afin de redonner du souffle à leur activité, la suspension des vols est venue jeter un froid, réduisant en pièces les ambitions d'une reprise, et ce ne sont pas les hôteliers qui diront le contraire. Plus encore, la possibilité d'un couvre-feu nocturne, assorti d'une interdiction de déplacement inter-villes lors des fêtes de fin d'année, notamment pour le réveillon, n'arrange pas les affaires des propriétaires d'enseignes hôtelières qui se disent dépassés par les évènements. En effet, au cours de l'année écoulée, les autorités ont interdit aux hôtels toute activité et réception, avec prohibition de toute activité musicale tout au long de la journée, afin d'éviter une éventuelle nouvelle vague de propagation du coronavirus, qui pourrait encore compliquer la situation actuelle. Le nombre de touristes dans le Royaume n'a pas dépassé 2,8 millions en 2020, ce qui représente une baisse d'au moins 78,5% par rapport à 2019. Contacté par Hespress FR, Lahcen Zelmat, Président de la Fédération Nationale de l'Industrie Hôtelière, a exprimé son inquiétude, regrettant le silence du gouvernement concernant la situation à l'approche des fêtes. "Nous attendons une décision du ministre de l'Intérieur. S'il y a une interdiction des festivités et qu'il y a un couvre-feu, nous ne pouvons pas prendre le risque d'investir pour de l'animation", a-t-il déclaré. Manque de visibilité et fermeture d'enseignes Lahcen Zelmat estime que les hôteliers sont bloqués par le manque de visibilité et ne peuvent donc pas s'engager avec des prestataires pour organiser les festivités. "Nous sommes toujours dans le flou, il serait donc difficile de signer des contrats avec des artistes et de faire de l'animation si on n'a pas d'autorisation. Pour que nous puissions nous préparer il nous faut une visibilité", relève-t-il, faisant part de son pessimisme concernant une possible autorisation. "Si on a une réponse deux jours avant, il sera impossible pour nous de s'organiser. On est préparé aux pires scénarios", nous affirme Zelmat, confirmant la fermeture de plusieurs enseignes hôtelières suite à la suspension des vols et la réticence des Marocains à voyager de peur de nouvelles restrictions. "Avec la fermeture des frontières, de nombreux hôtels sont obligés de fermer faute de clients, tandis que d'autres souffrent de nombreuses annulations, non seulement de la part d'étrangers à cause de la suspension des vols, mais aussi de la part de Marocains qui craignent un durcissement des mesures sanitaires, et partant un blocage", souligne-t-il. "Même si dans le meilleur des scénarios on a une autorisation, il y aura sûrement des mesures à respecter, et donc réduire le nombre de 50 à 10, dans tous les cas nous sommes perdants", conclut notre source. Pour l'heure, l'état d'urgence sanitaire a été prolongé jusqu'au 31 décembre, tandis que la vie nocturne (outre les discothèques) a repris ses droits depuis la levée du couvre-feu, début novembre.