Face à des enjeux géopolitiques importants dans le Sahel, la France a manifesté une seconde fois une envie de rétablir les relations avec l'Algérie, blessée par un commentaire sur son passif de colonie. Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a indiqué en ce sens qu'il fallait « dépasser » les blessures. « Nous avons des liens ancrés dans l'histoire. Nous souhaitons que le partenariat franco-algérien soit ambitieux », a affirmé le ministre français des Affaires Etrangères dans un entretien au quotidien Le Monde. Son interview intervient alors que les relations entre Paris et Alger se sont détériorées ces derniers mois, avec en filigrane la question de la colonisation française et des réparations financières que souhaite obtenir l'Algérie. Après une déclaration du président français Emmanuel Macron dans laquelle il s'est demandé s'il existait une « nation algérienne » avant la colonisation française, et a pointé du doigt le régime « politico-militaire » dans le pays, les réactions enflammées se sont succédées en Algérie surtout que le régime use et abuse de la rente mémorielle, au point où le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a laissé planer le doute d'une coupure dans les relations. Le président Tebboune a rappelé son ambassadeur à Paris et a interdit le survol de son espace aérien par les avions militaires français au moment où la France est déployée au Mali et accorde une grande importance au Sahel, où le terrorisme est une réelle menace. La France souhaite une relation « confiante » et un « partenariat ambitieux » avec l'Algérie, a déclaré le chef de la diplomatie française, en excluant des excuses mais en parlant de « malentendus ». « Il y a parfois des malentendus, mais cela n'enlève rien à l'importance que nous attachons aux relations entre nos deux pays », a-t-il affirmé, en ajoutant qu'en connaissance de l'histoire commune des deux pays (la France était la puissance coloniale dans l'actuelle Algérie), il est « logique » d'avoir » des résurgences de blessures, mais il faut dépasser cela pour retrouver une relation confiante ». Et alors que l'Algérie souhaite faire renaitre sa diplomatie et prendre une place importante dans la région du Sahel, et les déclarations du président Tebboune en témoignent depuis plusieurs mois, la France lui a tendu la perche pour l'inviter à s'engager au Mali. « Nous ne voyons que des avantages à ce que l'Algérie s'inscrive plus fortement encore dans la mise en oeuvre de ces accords », a déclaré Le Drian, en référence aux accords de paix signés à Alger entre Bamako et les groupes armés du nord du pays en 2015.