Le récent tour de force des militaires au Soudan après des promesses de gouvernement civil, a créé une nouvelle montée de colère sociale. Jeudi, les Soudanais ont pour la deuxième fois battu le pavé en risquant leur vie. Face à eux, des forces de l'ordre par centaines, ont usé de gaz lacrymogène et plusieurs manifestants ont été tués. Les manifestations de civils au Soudan se poursuivaient jeudi en dépit de l'usage de la force par la police soudanaise. Depuis le 25 octobre, lorsque le général Al Burhane a annoncé la mort de l'accord sur la période de transition avec les civils, les Soudan revit la période Omar El Béchir. Les forces de sécurité ont tiré une nouvelle fois des grenades lacrymogènes sur les manifestants malgré une journée meurtrière la veille, qualifiée de « massacre » pour avoir fait 15 morts. Selon un syndicat de médecins prodémocratie, les forces de sécurité sont responsables des morts survenues la veille. Les corps des victimes présentaient des balles à « la tête, le cou ou le torse ». Pourtant, à la télévision d'Etat, la police a assuré ne pas avoir ouvert le feu et annoncé l'ouverture d'une enquête sur les manifestants tués. Jeudi, la police soudanaise a encore une fois nié son implication dans les morts et a sorti un chiffre contraire, en affirmant avoir enregistré 89 blessés dans ses rangs la veille. « Nos forces (de sécurité) ont utilisé le seuil minimal de force et des gaz lacrymogènes et n'ont jamais utilisé d'armes à feu », s'est défendue la police. Le syndicat des médecins de son côté, a fait état d'une version différente. Il a accusé les forces de sécurité d'avoir pourchassé les manifestants ainsi que les médecins jusque dans les hôpitaux et d'avoir tiré =des grenades lacrymogènes sur les blessés et les ambulances. Depuis le putsch militaire d'Al Burhane qui a viré tous les civils pour s'accaparer le pouvoir, une centaine de blessés ont été dénombrés dans les violences policières, et 39 personnes dont trois adolescents, ont été tuées. Les autorités soudanaises ont également coupé les communications depuis ce jour-là pour éviter d'ébruiter la situation et empêcher la population de s'organiser en manifestations. Les forces de police ont été déployées dans les principales artères des grandes villes, des centaines de policiers selon les témoins. Le nouveau régime d'Al Burhane tenterait de faire barrage à une nouvelle forme de manifestation, la même qui avait permis de chasser l'ancien dirigeant, Omar El Béchir, après 30 ans au pouvoir. Les manifestations avaient fait plus de 250 morts en 2019.