Une étude récente menée par l'organisation à but non lucratif « Menassat pour les recherches et études sociales» s'est intéressée aux libertés individuelles au Maroc notamment au rapport à la religion et à la liberté de croyance et la sexualité. Cette étude a passé en revue l'émergence et le développement des droits et libertés individuels et leur lien avec les valeurs de la modernité, les discussions et les cultures qui ont accompagnés le développement des sociétés occidentales. Ces droits et libertés se sont traduits aujourd'hui en droits humains universels loin de toute particularité locale. Il a également estimé que le Maroc a pris des mesures importantes pour approuver ces droits et libertés, notant que ce qui freine ce développement est une idéologie conservatrice importée. Ainsi pour les besoins de l'enquête, 1 312 Marocains ont été interrogés sur différents sujets tels la nature du rapport à la religion et à la liberté de croyance et la sexualité. Et les résultats sont assez surprenants. Quelques 76,3% d'entre eux reconnaissent l'existence de rapports sexuels hors mariage. Ils pensent même que cette pratique s'est généralisé dans la société marocaine. Selon la même source, 60% ont déclaré avoir personnellement connu des hommes ou des femmes ayant eu ce type de rapports sexuels. Selon des résultats plus détaillés, seuls 15% des personnes interrogées estiment que les femmes ont le droit de disposer librement de leur corps sur la voie publique. Ils considèrent même les femmes qui le font comme « libres », instruites, éclairées et ouvertes. Par contre, 0,6% considèrent ces mêmes femmes comme « mécréantes ». D'après la même source, les réponses des personnes interrogées se rejoignent dans l'ensemble, abstraction faite de leur âge, leur sexe, leur niveau d'instruction, leur catégorie socioprofessionnelle ou leur lieu de résidence. La moitié des personnes interrogées considèrent qu'avoir des relations sexuelles avant le mariage comme «question de liberté individuelle». 77,6% de ceux qui refusent ce genre de relations, justifient leur opposition par le fait que ces rapports sont «interdits» par la religion. 60% des interrogés ont été favorables à l'enseignement de l'éducation sexuelle dans les établissements scolaire. De plus, 69,2% ont indiqué ne pas être au courant de l'article 490 du Code pénal, criminalisant les relations sexuelles hors mariage. Informés de son contenu, 50,4% se sont dit contre ce texte de loi. Concernant l'homosexualité, 60% des personnes interrogées ont fait part de leur refus d'exprimer cette orientation dans l'espace public, alors que 30% ont affirmé connaître une personne homosexuelle. «Même avec une représentation et une opinion négative, nous enregistrons ainsi une tolérance comportementale relative dans le cadre des relations sociales quotidiennes», estiment les chercheurs concernant ce point. Pour ce qui est de la libre disposition de soi, 50% des répondants se sont dit conscients du droit de disposer de son corps. De plus, plus de la moitié d'entre eux ont indiqué que l'accoutrement d'une femme relève de sa liberté personnelle, mais 61,2% des personnes interrogées ont soutenu la nécessité de «couvrir le corps féminin avec le hijab». Un taux qui reste plus importants chez les femmes interrogées (65,3%) que chez les hommes (57,1%) et qui trouve principalement son explication dans les enseignements de l'islam (62,5%).