Depuis quelque temps, en fait depuis l'instauration de l'obligation du pass vaccinal, le processus de vaccination marque le pas. En effet, après une cadence soutenue qui a permis de vacciner jusqu'au dimanche 14 novembre, plus de 24 millions de personnes en D1, plus de 22 millions en D2 et plus de 1,5 million en D3, l'opération évolue au ralenti, voire fait du sur place. Plusieurs raisons sont invoquées pour expliquer cette « désaffection », mais deux semblent émerger du lot : Les informations largement relayées (mais pas vérifiées) sur d'éventuels effets secondaires, et la notion d'obligation qui colle désormais à la vaccination. Si l'aspect médical lié aux effets indésirables est entre les mains du ministère de la santé pour trancher scientifiquement, celui moral, lié à la notion d'obligation, persiste. De nombreux témoignages recueillis par notre rédaction révèlent que depuis l'instauration de cette mesure, la résistance est montée d'un cran, et même certains pro-vax, se sont transformés en anti-vax. « Je n'ai rien contre la vaccination, mais quand je peux faire le choix moi-même. D'ailleurs j'ai reçu ma 1ère dose, mais là, je refuse, je ne ferai pas la 2è... », nous confie un jeune étudiant. « Je refuse que ma vie soit conditionnée par un document, alors même qu'il n'a jamais été question d'une obligation de vaccination », ajoute-t-il. Toutefois, si pour le citoyen lambda c'est une question de principe, pour les spécialistes, c'est une question de vie ou de mort. « Comme tous les médicaments et produits de santé, le vaccin contre le coronavirus peut provoquer des effets secondaires chez certaines personnes. Les essais cliniques menés sur ce vaccin ont montré que, dans les premiers jours après la vaccination, il peut montrer des effets légers à modérés sur les receveurs de la vaccination », souligne Pr Mustapha Ennaji, expert en virologie à la Faculté de médecine et de pharmacie de l'Université Hassan II de Casablanca. Les personnes qui reçoivent le vaccin peuvent développer des symptômes secondaires (douleur, gonflement ou rougeur au point d'injection), ou majeurs (fièvre, malaise, douleurs musculaires, maux de tête et douleurs articulaires), explique-t-il, affirmant néanmoins que « le vaccin ne peut pas entraîner de complications, jusqu'au niveau de la paralysie et de la mort ». « Ce n'est que grâce à la vaccination que l'on peut atteindre l'immunité collective, et c'est le seul moyen de pouvoir reprendre une vie normale », assure-t-il. Même son de cloche chez Dr Said Afif, membre du comité de vaccination. « Il y a une diminution d'environ huit fois par rapport à ce qu'elle était auparavant, ce qui contribuera à retarder l'immunité collective qui devait être atteinte en décembre », fait-il observer. Outre l'immunité collective, le spécialiste exprime une autre crainte, liée à la saturation des services de soins, notamment la réanimation. Il avance l'exemple de la France. « Il y a 25.000 lits de convalescence, mais ils sont complètement remplis, et le Maroc a 6.000 lits qui peuvent être saturés très rapidement si une nouvelle vague survient en l'absence d'immunité collective », souligne-t-il. Pour conclure, Dr Afif appelle à « mettre à profit la situation épidémiologique stable et le fait que le pays soit en zone verte pour vacciner les citoyens, d'autant plus qu'avec l'avènement de la saison hivernale, les virus abondent, sans compter qu'il y a de nouvelles vagues en Europe qui pourraient arriver au Maroc après un mois ou deux ».