Les flux d'immigration permanente dans les pays de l'OCDE ont baissé de plus de 30% en 2020, pour s'établir à environ 3.7 millions de personnes, soit le niveau "le plus bas depuis 2003", selon un rapport de l'Organisation pour coopération et le développement économiques, présenté jeudi. "Cette baisse pourrait atteindre 40% en fonction des facteurs qui sont pris en considération", écrit l'organisation internationale basée à Paris dans ses "perspectives des migrations internationales 2021", présentées par le secrétaire général de l'OCDE. Selon le rapport, toutes les catégories de migrations permanentes ont connu une baisse en 2020, les migrations familiales affichant le recul le plus marqué. D'après des estimations préliminaires, les départements intra-UE ont légèrement moins fluctué, enregistrant une diminution de 17%, note l'OCDE, ajoutant que les migrations temporaires de travail ont également fortement baissé en 2020: le nombre de vacanciers actifs a diminué, en moyenne, de 58% et celui des personnes transférées à l'intérieur d'une même société de 53% tandis que les flux de travailleurs agricoles saisonniers n'ont reculé que de 9% et ont même légèrement augmenté dans les principaux pays de destination de ces travailleurs, comme les Etats-Unis et la Pologne. Le nombre de nouvelles demandes d'asile dans les pays de l'OCDE a reculé de 31% en 2020, soit la baisse la plus marquée depuis la fin de la crise des Balkans au début des années 1990, relève le rapport, qui note toutefois que le nombre total est resté supérieur à celui de toutes les années antérieurs à 2014, à l'exception de 1992. Et de préciser que pour la deuxième année consécutive, le Venezuela était le principal pays d'origine de demandeurs d'asile, suivi par l'Afghanistan et la Syrie, ajoutant que seuls 34.400 réfugiés ont été réinstallés en 2020, "un chiffre inférieur de deux tiers à celui de 2019 et le plus bas jamais enregistré". La même source relève que la crise du Covid-19 a mis fin à 10 années d'amélioration continue de la situation des immigrés sur le marché du travail, soulignant qu'en 2020, les taux d'emploi des immigrés ont reculé dans trois pays de l'OCDE sur cinq, tandis que le chômage de cette catégorie de la population a augmenté dans trois pays sur quatre, tandis que les écarts entre les personnes nées à l'étranger et les personnes nées dans le pays quant aux indicateur du marché du travail se sont "creusés" en moyenne pour atteindre 2 points de pourcentage pour l'emploi et plus de 3 points de pourcentage pour le chômage. Par ailleurs, l'OCDE note que les modifications des politiques migratoires en 2020 ont été principalement dictées par la pandémie, faisant remarquer que tout au long de 2020 et en 2021, la majorité des pays de l'OCDE ont maintenu des restrictions de déplacement et restreint les services d'immigration en raison de la pandémie de Covid-19, la plupart ayant eu recours à des mesures provisoires pour atténuer les effets de la pandémie. Selon les auteurs de ces perspectives, les stratégies d'intégration ont également été fortement perturbées par la crise sanitaire tout au long de 2020, ajoutant que dans de nombreux pays, les obligations en matière d'intégration ont été assouplies ou les délais prolongés, alors que la pandémie a favorisé également l'utilisation d'outils numériques pour les programmes d'intégration, d'apprentissage de la langue du pays d'accueil et les actions d'information auprès des populations issues de l'immigration. Par ailleurs, le rapport souligne que dans les 25 pays de l'OCDE pour lesquels des données sont disponibles, en moyenne, au cours de la période 2016-18, "la contribution des immigrés sous la forme d'impôts et de cotisations a été supérieure aux dépenses publiques consacrées à leur protection sociale, leur santé et leur éducation. « De façon générale, la contribution des immigrés couvre entièrement leur part des dépenses publiques consacrées aux biens publics congestibles (soumis à congestion) et finance en partie les biens publics purs, tels que la défense et les frais de la dette publique », lit-on dans ce rapport. En outre, le document relève que dans tous les pays de l'OCDE, les immigrés sont concentrés dans certaines zones, en particulier dans les quartiers pauvres et à la périphérie des grandes métropoles, faisant observer que le degré de concentration n'est toutefois pas le même selon les catégories de personnes issues de l'immigration, et ce phénomène est déterminé à la fois par la géographie et d'anciens schémas d'installation.