Selon les Perspectives des migrations internationales 2020 publiées par l'OCDE, la crise épidémique a eu des conséquences sans précédent sur les flux migratoires. Quand l'épidémie s'est déclarée, les pays de l'OCDE ont presque tous restreint l'entrée des personnes étrangères. En conséquence, la délivrance de nouveaux visas et permis dans ces pays a reculé de 46 % au premier semestre 2020 par rapport à la même période en 2019. C'est la plus forte baisse jamais enregistrée. Au deuxième trimestre, elle atteignait 72 %. Dans l'ensemble, le niveau des migrations internationales dans la zone OCDE devrait être historiquement bas en 2020. L'OCDE indique qu'avant la pandémie, les entrées permanentes dans les pays de l'OCDE s'établissaient à 5.3 millions de nouveaux immigrés en 2019, avec des chiffres similaires pour 2017 et 2018. Même si le nombre d'admissions de réfugiés était moindre, les migrations de travail permanentes avaient augmenté de plus de 13 % en 2019, et les migrations de travail temporaires avaient suivi une tendance analogue, avec plus de 5 millions d'entrées enregistrées dans les pays de l'OCDE. Le rapport note que la mobilité tardera à retrouver ses niveaux antérieurs, du fait d'une demande de main d'œuvre plus faible, du maintien de restrictions de voyage sévères et du recours généralisé au télétravail pour les travailleurs très qualifiés et à l'apprentissage à distance pour les étudiants. Il rappelle que les travailleurs migrants ont été en première ligne pendant la crise. Ils représentent une proportion importante du personnel de santé dans les pays de l'OCDE, soit un médecin sur quatre et un infirmier sur six. Dans nombre de pays de l'OCDE, plus d'un tiers des travailleurs dans d'autres secteurs clés comme les transports, le nettoyage, l'industrie alimentaire ou les services informatiques sont des immigrés. Or, les immigrés rencontrent des difficultés considérables sur le marché du travail. Ainsi, la pandémie a réduit à néant une grande partie des progrès accomplis ces dix dernières années pour améliorer le taux d'emploi des immigrés, fait savoir l'OCDE. Dans l'ensemble des pays pour lesquels des données sont disponibles, les immigrés ont été davantage touchés par l'augmentation du chômage que les travailleurs nés dans le pays. Les augmentations les plus fortes en termes de chômage des immigrés ont été observées au Canada, en Espagne, aux États-Unis, en Norvège et en Suède. Dans ce dernier pays, l'augmentation initiale du chômage a touché à hauteur de près de 60 % les immigrés. Aux États-Unis, avant la pandémie, le chômage des immigrés était inférieur de près d'un point de pourcentage à celui des personnes nées dans le pays ; il est aujourd'hui supérieur de deux points de pourcentage. Dans ce contexte, l'adoption de politiques appropriées en matière de migration et d'intégration sera essentielle à l'avenir si nous voulons assurer une reprise forte et réellement inclusive.