L'Assemblée Générale de l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) n'aura finalement pas lieu à Marrakech. Délocalisé à Madrid, l'événement attendu par les professionnels du secteur dans la ville ocre, vient mettre à mal la reprise touristique dans le Royaume, lourdement touchée par la crise du coronavirus. Le Maroc a annoncé la décision de suspendre l'Assemblée, la plus haute instance décisionnelle de l'OMT, qui se réunit tous les deux ans pour approuver son budget et son programme de travail et qui, tous les quatre ans, élit le Secrétaire général. «Le gouvernement marocain a informé le secrétariat de l'OMT que l'évolution de la situation mondiale actuelle, liée à la pandémie de Covid-19, ne permet pas la tenue de la 24e session de l'Assemblée générale à Marrakech (...) dans des conditions qui garantissent les conditions de santé et de sécurité nécessaires pour les participants», peut-on lire dans un courrier électronique envoyé aux pays membres de l'OMT. Par conséquent, la 24e session de l'Assemblée générale et la 43e session plénière des membres affiliés se tiendront à Madrid, en Espagne, siège de l'Organisation, aux mêmes dates que celles communiquées à tous les membres de l'Organisation, à savoir le 30 novembre au 3 décembre 2021. Un coup dur pour le secteur touristique marocain qui est déjà touché de plein fouet par d'autres décisions, à savoir celle de la coupure des liaisons aériennes avec la Russie, puis l'Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni et l'obligation du pass sanitaire. Une catastrophe pour le tourisme au Maroc Contacté par Hespress FR, Zoubir Bouhoute, expert en tourisme et directeur du Conseil Provincial du Tourisme (CPT) d'Ouarzazate, regrette ces décisions qui représentent une catastrophe pour le tourisme marocain qui essaye tant bien que mal de panser les plaies causées par la crise du Covid-19. « Les opérateurs du secteur du tourisme sont toujours sous le choc de 3 décisions très inquiétantes et incompréhensibles et qui auront des effets négatifs sur un secteur qui continue de vivre une très grande crise depuis plus de 18 mois », explique-t-il. « La décision de renoncer à accueillir l'AG de l'OMT à Marrakech, en raison l'évolution de la situation mondiale actuelle, liée à la pandémie de Covid-19 au Maroc plonge tout le monde dans le flou le plus total étant donné que les chiffres officiels démontrent que la pandémie est parfaitement maîtrisée au Maroc et que des avancées majeures ont été faites en matière de vaccination« , poursuit l'expert qui se dit étonné puisque la situation épidémiologique s'est nettement améliorée ce dernier mois. En effet, selon les chiffres du ministère de la Santé, le nombre de nouveaux cas est passé de 2412 cas le 17 septembre, avec une moyenne hebdomadaire de 2322 cas, à 424 nouveaux cas le 23 octobre, et 316 cas en moyenne hebdomadaire. Les décès sont également passés de 53 cas le 17 septembre et 56 décès en moyenne hebdomadaire à 6 décès le 23 octobre et une moyenne hebdomadaire de 10décès. Côté vaccination, au 19 octobre 57,2 % de la population est complètement vaccinée et 63,2% de la population a déjà pris sa 1ere dose. Le tourisme mis à mal par la suspension de vols avec plusieurs pays européens L'expert met également l'accent sur la coupure des liaisons aériennes avec la Russie puis l'Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni « qui sont l'un de nos principaux marchés émetteurs (8,8% des nuitées ont été assurées par les touristes du Royaume Unis et 6,91% par les touristes allemands en 2019) », et « qui aura pour conséquence l'effritement du mouvement des touristes en provenance des ces pays en faveur d'autres destinations touristiques ». « Les résultats n'ont pas tardé puisque a l'aéroport de Marrakech , 42 rotations avec le Royaume-Uni, l'Allemagne et la Hollande sont annulées au cours de cette semaine », révèle-t-il, craignant « l'installation d'un climat de méfiance de la part de touristes potentiels des autres nationalités ». Pour ce qui est du pass vaccinal, obligatoire dans tout le territoire marocain, ce dernier est également considéré comme un frein pour les opérateurs du tourisme. « Il fallait prévoir un préavis et des actions de sensibilisation qui devaient être pensées avec les opérateurs du Tourisme. Le pass vaccinal pourrait constituer un argument et un élément facilitateur de l'activité et non un handicap de plus« , conclut Zoubir Bouhoute. En effet, la pandémie du coronavirus a frappé à la fois les économies développées et celles en développement. Ce sont les groupes les plus vulnérables qui ont été le plus durement touchés de tous, à savoir le secteur du tourisme qui connaît la plus grave crise de son histoire, et les professionnels ne savent plus où donner de la tête.