L'ouverture ce vendredi de la 1è session de la première année législative de la 11è législature, se fera sous un nouveau visage, celui de l'alliance RNI-PAM-PI. Pour cette rentrée, de nombreux défis et chantiers attendent les élus. En voici les principaux. Avec les élections du 8 septembre qui ont connu un record de participation dans un contexte de crise lié à la pandémie du coronavirus, les électeurs marocains vont suivre avec attention le travail du prochain gouvernement d'Aziz Akhannouch et des élus de la Nation, d'autant plus que la ligne directrice des grands projets stratégiques du Royaume est déjà tracée. « Pour cette rentrée parlementaire, il y a une nouveauté, c'est que pour la première fois on aura la même majorité au sein des deux chambres (représentants et conseillers) » avec les trois partis arrivés en tête des élections à avoir le RNI, le PAM et le PI, a déclaré à Hespress Fr, l'analyste politique Abdelhafid Adminou, spécialiste en droit constitutionnel. Il s'agit d'une majorité triple puisqu'elle se retrouve au sein du gouvernement et des deux chambres du Parlement, ce qui devrait faciliter le travail autant sur l'exécutif que sur le législatif. Cette rentrée se caractérise par des « défis et des attentes très importants », a indiqué notre interlocuteur, en détaillant que les défis sont liés au chantiers annoncés par le Nouveau modèle de développement. « Il s'agit d'un grand nombre de chantiers qui doivent être mis en œuvre, tous en parallèle ». Et de citer aussi le programme gouvernemental comme autre chantier qui marquera ce début d'action parlementaire. « Les partis arrivés au pouvoir ont avancé de grandes promesses électorales, dont des aides directes, l'augmentation des salaires… », a expliqué l'analyste. « Les priorités me semblent bien claires aujourd'hui, le gouvernement n'aura pas une grande marge (pour sortir des préoccupations et priorités du peuple et du pays, ndlr). Il y a les chantiers du nouveau modèle de développement qui sont liés principalement à des axes relatifs à la justice sociale, la régionalisation avancée ». Pour Adminou, la crédibilité du travail gouvernemental, la relation entre le gouvernement et le Parlement seront également des priorités, « parce que cela va nous donner des indices sur la confiance accordée à la chose politique ». « Il faut dire aussi que l'important taux de participation aux élections sera une responsabilité que ce nouveau gouvernement et ce Parlement devront assumer. Aujourd'hui, comme le citoyen est allé voter et surtout pour le RNI, il attend quelque chose en retour, et si les promesses ne sont pas tenues, il ne votera pas pour lui en 2026 ». Au niveau de l'Economie et des Finances, « on aura le problèmes de la dette, l'impact de la pandémie du coronavirus sur l'économie marocaine surtout au moyen terme. Le gouvernement sera attendu pour mettre en place des mesures pour aider les PME, la création d'emploi, et comment attirer les investissements surtout que nous sommes dans un environnement régional et une conjoncture difficile, comme avec la décision du tribunal européen (concernant l'accord d'agriculture et de pêche, ndlr), les relations avec l'Algérie. Tout cela aura des répercussions financières ». Avec l'Algérie, malgré un volume d'échanges au plus bas et de fait, une relation commerciale qui ne sera pas affectée par la rupture des relations diplomatique à l'initiative d'Alger, Abdelhafid Adminou estime que l'impact se situe ailleurs. « Les tensions diplomatiques impactent les investissements, puisqu'elles influent sur l'atmosphère, la stabilité et l'attrait d'un pays pour les investisseurs. Cela crée une sorte d'inquiétude ». Autre sujet qui a été mis en évidence avec l'arrivée de la pandémie du coronavirus, la législation de crise qui devrait être également une priorité pour les années à venir, notamment à cause des changements climatiques et des catastrophes naturelles qui devraient augmenter dans le monde dans les prochaines années selon le rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). « Il y a eu des propositions de lois apportées par les parlementaires au niveau de la gestion des risques et normalement cela devrait faire partie de la législation marocaine. Aujourd'hui, le monde est en train de vivre l'impact du changement climatique qui aura aussi des répercussions à l'avenir, donc cette culture de gestion des risques doit devenir une priorité dans la législation marocaine pour faciliter la gestion des crises à l'avenir », a estimé le spécialiste. « J'imagine que la chambre des représentants et celle des conseillers vont intégrer ce volet dans le leur règlement intérieur, et il faudra le faire aussi pour le volet économique et social, parce que la gestion des crises et des risques va devenir le quotidien de la gouvernance et il faudra modifier un bon nombre de textes juridiques », a conclu Abdelhafid Adminou.