Le Secrétaire général et fondateur du Parti des néo-démocrates, Mohamed Darif, a appelé à réconcilier la politique avec le savoir et la culture. Invité du neuvième rendez-vous de l'émission-débat d'Hespress, « La voie vers les élections de 2021 », l'homme politique ne s'est pas défait de sa casquette de politologue, critiquant à tout va la politique et les hommes politiques au Maroc. Tenant comme tout académicien à commencer par le commencement, Darif assure qu'« au Maroc les gens votent pour des personnes et pas pour des programmes ». « Nous, nous espérons jeter les fondations d'un Etat moderne, car il n'y a pas de culture partisane comparable à ce qui existe dans les pays occidentaux », soutient-il. Relevant le caractère « prémoderne » des épreuves électorales ici-bas, le politologue affirme que « chez nous, c'est la tribu qui choisit les candidats aux élections et non pas le parti » et que « les électeurs votent pour des personnes et pas pour des idées ou des programmes ». Darif : « on vit dans la pré-politique » « À partir de notre expérience, je peux vous dire que nous sommes encore loin d'une véritable pratique de la politique... C'est comme si nous étions encore dans l'étape de la pré-politique étant donné que c'est encore la tribu qui dit le dernier mot », renchérit Darif. « Au Maroc, affirme Darif, on ne peut pas faire la différence entre des partis qui ont des conceptions et des visions et d'autres qui ne sont en fait qu'une force électorale. Nous savons comment les votes sont remportés... Pas la peine de revenir sur ce genre de pratique ». Interpellé sur l'apport que pourrait avoir le Parti des néo-démocrates, surtout qu'il s'agit d'un parti qui n'a pas eu des résultats probants lors des précédentes élections, Darif est revenu sur les raisons de la genèse du Parti des néo-démocrates. « Notre parti a été créé en 2014 par un groupe de militants issus de la classe moyenne, qui a été paupérisé –nous n'avons plus une vraie classe moyenne au Maroc–. D'emblée, nous avons adopté le slogan : la nécessité de réconcilier la politique avec le savoir et la culture ». Car, « nous estimions qu'au Maroc, certaines parties ont essayé de marginaliser l'intellectuel, l'académicien et tous ceux qui ont un capital intellectuel parce que la politique est pratiquée par des gens qui ont d'autres qualités. C'est pourquoi nous nous sommes aventurés à entrer en jeu...», raconte-t-il. « L'idée de l'aventure a été présente dès le début », rappelle Darif en disant : « Je ne crois pas qu'on peut séparer entre l'action politique et le métier d'avocat ou d'enseignant... ». Les partis promettent monts et merveilles Faisant allusion à la course pour le parrainage des notables qui se déchaine entre les grands partis à l'approche des élections, Darif estime qu'« on ne peut pas présenter des analphabètes aux élections et qu'on soit fiers quand ils entrent au Parlement ». À propos des programmes électoraux, Darif considère que la présentation de ces derniers telle qu'elle se fait à présent provoque un effet pervers en matière d'adhésion des citoyens. « Je crois que ce qui pousse les Marocains à l'abstention est la multiplication des promesses électorales. Ce qu'on présente au Maroc n'a rien à voir avec le concept de programme électoral. C'est pourquoi nous soulignons la nécessité de réconcilier le savoir et la politique », analyse le politologue. « À travers leurs interventions sur les chaînes, les hommes politiques poussent davantage les citoyens à s'éloigner de la politique et de l'action partisane et même des élections », ajoute-t-il. Notant qu'il « y a une grande différence entre les promesses électorales et le programme électoral », Darif tient à rappeler qu'un « programme part d'un diagnostic de ce qui a été fait et propose des alternatives et des solutions avec précision des mécanismes et des moyens de financement ». Considérant que « c'est ce qu'il y a d'essentiel dans un vrai programme électoral, le professeur universitaire conclut que « tout parti qui prétend qu'il va mettre en application son programme ment en fait aux citoyens ».