Stabilité, solidarité et prospérité pour le Maroc. Voilà les objectifs énumérés en boucle auxquels vont s'atteler l'équipe gouvernementale. Abdelilah Benkirane a décliné son programme devant les représentants des deux chambres du Parlement ce jeudi. La nouvelle constitution, «à caractère exceptionnel» selon lui, inspire et accompagne ce plan d'actions dont les grandes lignes rappellent les promesses pré-électorales du PJD. Les deux chambres discutent ce jeudi la déclaration de politique générale, puis procéderont à un vote de confiance permettant l'investiture de l'équipe nommée le 3 janvier dernier. 198 députés au moins devront valider le programme gouvernemental, à caractère général et qui dessine les grandes lignes dans les domaines de l'Economie, de la Culture, de la Santé ou de l'Education entre autres. Durant ces cinq prochaines années ... Parmi les points qui focalisent l'attention du nouveau gouvernement, «la promotion de la classe moyenne», «les engagements internationaux du Royaume qu'il faudra honorer pleinement» mais aussi le besoin de «répondre aux attentes pressantes du peuple marocain avec toutes ses franges tant au Maroc qu'à l'étranger». Le programme gouvernemental peut être décliné sous cinq principaux axes : les constantes de la nation marocaine, l'intégrité territoriale du Royaume, les libertés individuelles, le social et l'économie. «Les priorités restent les mêmes depuis 30 ans», souligne le politologue Mohamed Darif. Abderrahmane Youssoufi, Driss Jettou ou Abass El Fassi avait également énoncé des points semblables lors de leur déclaration de politique générale. «Tous les gouvernements vous diront la même chose : ils veulent tous améliorer les conditions de vie des Marocains», nous confie t-il. Le PJD est-il l'interlocuteur du peuple ? Plusieurs raisons avaient poussé les électeurs marocains à faire confiance au Parti de la justice et du développement (PJD) lors des législatives du 25 novembre. Dans sa campagne, le Parti de la Lampe dénonçait, entre autres, la «rupture entre les pauvres et les riches mais aussi l'affaiblissement progressif de la classe moyenne». Alors qu'il s'était lancé dans une critique lancinante de la politique sociale de ses prédécesseurs, le PJD a consenti à ce que quatre ministères en rapport avec le social (emploi, habitat, santé et éducation) reviennent au Parti du Progrès et du Socialisme (PPS). Comment interpréter en outre que la Culture soit relégué aux rangs des «ex-communistes»? «L'objectivité est absente», estime Mohamed Darif qui s'inquiète en outre du «désengagement» et du «retour en arrière» du parti au pouvoir. En effet, alors qu'Abdelilah Benkirane annonçait sa volonté d'atteindre un taux de croissance de 7%, celui-ci a été revu à la baisse (5,5%). L'augmentation du salaire minimum à 3000 dhs rend à présent sceptique après avoir été applaudi en grandes pompes. Concrétisation impalpable pour l'heure «A-t-on les mécanismes politiques adéquats pour concrétiser l'ambitieux programme du sieur Benkirane ?», s'interroge Mohamed Darif. Abdelilah Benkirane a insisté lors de ce grand oral devant les deux chambres du Parlement, sur «une approche qui doit réunir majorité et opposition ainsi que toutes les composantes de la société civile». C'est main dans la main que le Maroc en arrivera à «plus de liberté, de dignité, de développement et de justice». «Plus facile à dire qu'à faire», rétorque Darif qui s'inquiète des capacités réelles du chef du gouvernement à assurer une homogénéité au sein du jeu politique. La magie Benkirane devra faire son effet en temps et en heure.