Les ministres européens de l'Agriculture, réunis à Bruxelles, ont donné lundi leur feu vert à un « plan d'action » visant à consacrer au moins 25% des terres agricoles de l'UE à l'agriculture bio d'ici 2030, contre 8,5% actuellement. « Il s'agit d'une approche complète: l'objectif principal est de consacrer 25% des terres au bio. Mais il faut également promouvoir l'alimentation bio, développer l'industrie de transformation des aliments bio, élargir les marchés », a expliqué le commissaire européen à l'Agriculture Janusz Wojciechowski, lors d'une conférence de presse. Selon lui, les Etats membres ont été unanimes à soutenir l'orientation, non contraignante, proposée par la Commission européenne dans le cadre de sa stratégie « De la ferme à la fourchette » destinée à améliorer les circuits alimentaires, notamment en renforçant la part d'agriculture bio, plus respectueuse de la biodiversité. « Je m'en réjouis car auparavant, il y avait des controverses sur le caractère réaliste ou non de cet objectif de 25%. Désormais, les Etats ont la volonté de contribuer à le concrétiser », a remarqué le commissaire polonais. 25% des fonds de la PAC pour l'agriculture bio En pratique, chaque gouvernement devra adapter son « plan stratégique national », c'est-à-dire la façon dont il entend allouer les fonds de la Politique agricole commune (PAC). La réforme de la PAC, récemment approuvée par les Vingt-Sept, prévoit un système d' »écorégimes », primes récompensant les agriculteurs respectant des critères environnementaux définis au niveau des Etats (conversion en bio, mais aussi usage réduit d'eau, jachères, haies…). « On encourage les Etats à inclure le bio dans les écorégimes (pour en faire un critère majeur d'obtention des primes, NDLR). La question est de voir à quel point ils seront ambitieux », a noté Janusz Wojciechowski. Le plan adopté propose également de muscler les fonds de développement rural de la PAC en faveur des cultures biologiques, ainsi que les mécanismes d' »assistance technique » aux agriculteurs. Il prévoit de promouvoir activement la commercialisation des produits bio, identifiés par un logo de l'UE, en renforçant leur présence dans les cantines et en les intégrant aux marchés publics, tout en améliorant la traçabilité pour mieux combattre les fraudes. Les ventes de produits bio sur le continent ont plus que doublé en dix ans: chaque consommateur européen y consacre annuellement environ 84 euros, selon la Commission. Les ONG écologistes restent circonspectes, jugeant l'objectif de 25% trop peu ambitieux, et redoutant qu'au-delà du bio, les critères conditionnant les « écorégimes » ne soient pas suffisamment stricts pour développer des pratiques « durables » dans l'agriculture conventionnelle.