Hier, lundi en Espagne, il y a eu la passation de pouvoir entre les nouveaux et anciens ministres du gouvernement Sanchez. Parmi ceux et celles qui ont été relevés samedi, figure une certaine Arancha Gonzalez Laya désormais ex ministre des Affaires étrangères qui a cédé son portefeuille à José Manuel Albares. Ce « game over » pour la « copine à Ghali » a été bien accueilli par l'opinion publique de ce côté-ci de la rive. D'autre part, la nomination de José Manuel Albares, a été interprétée comme "un signe d'apaisement" de la part de Madrid envers le Maroc. D'autant plus que la nouvelle porte-parole du gouvernement, Isabel Rodriguez, a appelé, aujourd'hui mardi 13 juillet 2021, à calmer le jeu et à un retour à des relations diplomatiques stables avec le Maroc. « Pourvu que Dieu nous prête vie et nous deviendrons grands !». Cela étant, hier lundi, dans la douzaine des cérémonies de passation de portefeuilles, celle entre la Laya et Albares a été la plus marquante au regard d'un parterre garni d'éminences espagnoles présentes pour la circonstance. Jugeons-en ! L'ancien président José Luiz Rodriguez Zapatero, la seconde vice-présidente et ministre du Travail et de l'Economie sociale Yolanda Diaz, le ministre de l'Intérieur Fernando Grande-Marlaska, le nouveau ministre de la Présidence, Félix Bolanos et trois anciens ministres des Affaires étrangères, Marcelino Oreja, Josep Piqué et Ana Palacio. Sans rancœur et avec de longs remerciements, au président du gouvernement, Pedro Sanchez et à son équipe, Arancha González Laya s'est exprimée en regrettant, qu'elle puisse s'en aller, laissant en suspens la question du « rétablissement des relations avec le Maroc ». L'effrontée ! C'est un secret de Polichinelle, c'est ce qui est à l'origine de son remplacement par José Manuel Albares. Cependant Laya a reconnu sa responsabilité et en a assumé les échecs et maladresses durant cet épisode noir d'un feuilleton diplomatique dont n'avait besoin ni le Maroc ni l'Espagne, « toutes les erreurs sont miennes », finira-t-elle par dire. La bonne dame a admis qu'elle quittait son poste « avec un sentiment doux-amer » et profitant de sa dernière intervention officielle, elle a tenté, maladroitement au demeurant, de mettre en avant, le « travail effectué » durant une année et demie au cours de laquelle la pandémie ne l'a pas « épargnée ». Parmi les réalisations, elle a inclus le « contrôle de l'immigration ». Bref, dans son mea culpa, si l'on peut dire ainsi, l'ex ministre a déploré « la pauvreté et le vide du débat politique » et défendu le « service public ». A la fin de son discours, elle a souligné que « je suis sûre que nos chemins vont bientôt se croiser ». Sacrifiée sur l'autel des relations diplomatiques avec Rabat après l'accueil en Espagne de Brahim Ghali, d'aucuns lui prédisent de rebondir vers la Commission européenne ou même à l'ONU au bon gré de Pedro Sanchez en guise de voie de garage. Ce dernier pour remettre sa diplomatie sur ses rails s'est tourné vers un diplomate de carrière, qui plus est, est très proche de lui, José Manuel Albares. L'ancien ambassadeur à Paris, un fidèle des fidèles, l'a accompagné depuis son début au PSOE et au gouvernement. Il en fut d'ailleurs, le premier directeur des Affaires internationales à La Moncloa. Pour sa part, l'homme de confiance du Premier ministre, José Manuel Albares, le nouveau chef de la diplomatie espagnol, qui a été le sherpa du Premier ministre espagnol sur de nombreux dossiers internationaux a déclaré qu'il s'était fixé pour objectif de « renforcer les relations avec le Maroc, grand ami et voisin du Sud ». Mais au fait qui est ce quinquagénaire présenté par la presse espagnole comme un diplomate chevronné, au background conséquent et qu'il devra mettre au service des futurs pourparlers si pourparlers, il y a, avec le Maroc pour clore la "crise de confiance" entre Madrid et Rabat. Effectivement c'est de confiance qu'il s'agit. La crise que traversent les deux pays a été perçue par le Royaume du Maroc et son peuple comme une traitrise pour ne pas dire un coup de poignard dans le dos de la part du gouvernement d'Espagne. Pour la retrouver, il va falloir éclaircir les points qui fâchent une bonne fois pour toutes et s'en tenir aux résolutions prises. José Manuel Albares a débuté sa carrière diplomatique en tant que secrétaire général, aux Affaires internationales, à l'Union européenne, au G20 et enfin au sein de la Présidence du gouvernement. Il a également été consul général d'Espagne en Colombie, conseiller culturel à l'ambassade d'Espagne à Paris, représentant permanent de l'Espagne auprès de l'OCDE, où il a été élu vice-président du Comité d'aide au développement (CAD) avant d'atterrir en tant qu'ambassadeur d'Espagne à Paris. On le dit chaleureux, affable, francophone et francophile. Père de quatre enfants, il est marié à une Française, Hélène Davo, qui est conseillère Justice à… l'Elysée. José Manuel Albares est titulaire d'une maîtrise (master) en droit de l'Université de Deusto (Bilbao), spécialité juridique et économique avec un autre diplôme en sciences de l'entreprise. Il est en outre diplômé du Centre supérieur d'études de la défense nationale (CSEDN) et expert en gestion culturelle à l'étranger (Université Carlos III de Madrid). Modestement, on ajoutera également, qu'il est passé par l'Ecole américaine de Tanger d'où il a décroché une bourse d'études à Boston pour obtenir son baccalauréat. Le profil prête à rêver un futur moins brumeux entre Rabat et Madrid. On verra bien.