Souvenez-vous l'année dernière lorsque le gouvernement a décidé, envers et contre tous, d'autoriser la célébration d'Aid-Al Adha. Le nombre de cas de contamination au Covid-19 était beaucoup plus élevé qu'aujourd'hui de même que les cas sévères, vu que la campagne de vaccination anti-covid n'avait pas encore commencé. Mais les Marocains avaient subi un sévère revers de bâton. Suite à cette décision, les citoyens ont donc préparé comme il se doit leur fête du mouton, en visitant les souks et en organisant des fêtes de familles. Quatre jours avant la fête de l'Aid, soit le 26 Juillet, et alors que les mesures de confinement avaient été allégé, le gouvernement a décidé de suspendre les déplacements de et vers 8 villes du Royaume, appelant les citoyens à se rendre à destination dans un laps de temps de 5 heures. Une annonce qui a crée un chaos dans les autoroutes du Royaume donnant suite à plusieurs accidents mortels. En vue de la situation épidémiologique que traverse le pays aujourd'hui et la dominance du variant Delta, le Maroc n'est pas loin de revivre le même scénario que celui de 2020, si des mesures strictes et rigoureuses ne sont pas prises. Surtout qu'un relâchement des citoyens a largement été observé dans les quatre coins du Royaume. Le Maroc reconfinera-t-il ces citoyens alors qu'il vient d'autoriser l'entrée des MRE et la célébration de la fête de l'Aid ? Tout est possible, estime Pr. Moulay Mustapha Ennaji, virologue et directeur du laboratoire de virologie à l'Université Hassan II de Casablanca. « La décision sera basée sur les données épidémiologiques qui sont hypothétiques pour l'instant. Au moment où les cas vont augmenter davantage, la partie concernée prendra la décision adéquate. Pour le moment, on alerte les citoyens responsables sur un éventuel basculement de la situation épidémiologique en les appelant à respecter les mesures barrières, en particulier le port du masque » , nous a-t-il indiqué. L'arrivée des MRE a également contribué à la hausse des cas, notamment le variant Delta, estime ce membre du comité scientifique anti-covid. « La reprise des vols de et vers le Maroc a fortement contribué à l'arrivée du variant en plus de la mobilité des citoyens en cette saison estivale. Maintenant, il faut continuer la campagne de vaccination pour atteindre l'immunité collective. C'est le rempart contre la propagation de Dame Covid » , relève Pr. Ennaji. Pour Dr. Moulay Said Afif, membre du comité de vaccination anti-covid et président de la Fédération nationale de la santé (FNS), « l'augmentation des cas de contamination est liée au relâchement des citoyens quant au respect des mesures barrières en plus de la mobilité des gens. En plus, ces derniers pensent que le virus n'existe plus. Mais quand on observe ce qui se passe dans le monde, parce qu'on ne vit pas seuls, le virus reprend du terrain un peu partout et des mesures draconiennes sont prises dans plusieurs pays du monde, comme en Australie ou encore ou Russie », analyse Dr. Afif. La situation épidémiologique peut donc basculer à n'importe quel moment, craint Dr. Afif. « En l'espace de 15 jours, le ministère de la Santé a tiré la sonnette d'alarme trois fois sur le relâchement des citoyens. C'est-à-dire que la situation commence à devenir alarmante et que les citoyens doivent revenir à la raison. Puisqu'en respectant les mesures barrières, comme observé pendant la période de Ramadan, les cas de contamination ainsi que les décès dus au Covid-19 baissent« , avance le spécialiste. Le problème qui se pose, poursuit-il, « c'est que le variant Delta, reste un variant qui touche plus les jeunes et peut les conduire en réanimation voir au décès », ce qui a été constaté en Inde, où 65% des personnes touchées par le variant Delta, ont moins de 45 ans. « Il est vrai que le Maroc a pu vacciner les sujets à risque et au front face au virus (+40 %), ce qui a permis de faire baisser les cas critiques en réanimation et les décès. Mais aujourd'hui, le problème se pose auprès des citoyens qui n'ont pas encore été vaccinés, à savoir les -40 ans, les femmes enceintes, les allergiques aux composantes du vaccin, les femmes qui allaitent. Et avec l'approche de Aid Al-Adha, et avec les réunions de famille qui marquent la fête religieuse, ces personnes-là peuvent être touchées par le variant, et la fête de Aid Al-Adha pourra tourner en une catastrophe sanitaire« , alerte Dr. Afif.