Les élections législatives forcées en Algérie que la majorité des Algériens ont choisi de boycotter ont été largement critiquées dans le pays, notamment par la classe politique mais aussi par les journalistes. Le président autoritaire et illégitime, Abdelmadjid Tebboune, est dans le viseur de la contestation. Alors que le nouveau Parlement doit commencer à fonctionner prochainement, avec une victoire écrasante du parti au pouvoir représentant tous les symboles rejetés massivement par le peuple, les inquiétudes grandissent dans le pays. Dans un message posté sur sa page Facebook, Nour-Eddine Boukrouh, ancien ministre algérien s'en est pris au président Tebboune dénonçant ses dérives autoritaires. En faisant référence au taux de participation, il avait parié qu'il y aurait moins de la moitié de 30%, des pronostics qui se sont montrés vrais. « En réalité il n'y a pas eu 30% de participation à ce scrutin, mais au maximum la moitié comme cela va s'avérer dans les prochains jours. Ce n'est pas le plus important avec Tebboune qui s'en moque, et il ne sert à rien de chercher à pinailler avec lui, d'essayer de lui faire entendre raison, de critiquer ses décisions ou de lui intenter un procès en dictature », a-t-il écrit. Abdelmadjid Tebboune « ne connait plus le sens des mots, il est inaccessible au dialogue, il n'entend que sa voix et plane délicieusement dans l'apesanteur du monde à l'envers. Dit en langage courant, Il est devenu fou », a-t-il asséné. Dans son édito, Mustapha Hammouche de Liberté Algérie fait l'amer constat de l'opacité du pouvoir et de l'impossibilité d'arriver à un régime démocratique. « L'Assemblée nationale prendra ses quartiers dans quelques jours. Puis la nouvelle alliance présidentielle ou de gouvernement se reconstituera. Entre-temps, beaucoup d'encre aura coulé sous les ponts à travers nos plumes de commentateurs et d'analystes. C'est la contribution médiatique à notre semblant de vie publique : il faut bien faire comme si... », a-t-il écrit. Et d'ajouter concernant l'abstention record enregistrée lors de ce scrutin qui renforce les pouvoir d'Abdelmadjid Tebboune et son clan: « L'abstention, quand elle est de l'ampleur de celle qui a marqué les élections législatives, exprime le fait politique que le peuple, dans son écrasante majorité, ne partage pas le processus électoral que le pouvoir lui a autoritairement prescrit. Elle traduit cette réalité que la répression, si elle a eu pour effet d'étouffer la contestation populaire, n'a pas eu d'effet sur l'ampleur de ce rejet ». Plus de 77% du corps électoral a rejeté ces dernières élections législatives en Algérie, et sur les 18,84% de taux de participation, les urnes ont confirmé 1,6 million de bulletins nuls, exprimant leur rejet des partis politiques choisis pour faire la course à l'Assemblée nationale. L'opposition qui aurait pu avoir des chances de remporter ces élections a choisi la voie du boycott se mettant du côté du peuple. Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) qui fut emprisonnée pendant de nombreux mois pour avoir assisté à une réunion du frère de l'ancien président Abdelaziz Bouteflika, a estimé post-résultats, que ce nouveau scrutin forcé, comme celui de la présidentielle et de l'amendement de la Constitution, devrait enliser la crise sociale dans le pays. « La future Assemblée nationale aggravera sans aucun doute la crise » a-t-elle déclaré à l'ouverture des travaux de la réunion des membres du bureau politique de son parti. « Ces élections aggraveront inévitablement la crise du système, fragiliseront encore un peu plus ses institutions qui sont en porte-à-faux avec la majorité », a-t-elle insisté en estimant que ce scrutin confirme que « le système n'est ni renouvelable et encore moins réformable ». Aussi, elle a vivement critiqué le déguisement du pouvoir derrière de nombreuses listes de prétendus indépendants. « La multiplication de ces listes, composées dans leur majorité par des militants de partis proches du pouvoir, est une menace contre le multipartisme et la démocratie politique », a-t-elle alerté. Pour la cheffe du parti d'opposition qui a néanmoins toujours eu l'oreille de l'ancien président Boutflika, « ces résultats (du scrutin législatif) confirment, on ne peut plus clairement, que la plupart des Algériens refusent le statu quo et maintiennent leur exigence du départ du système ». De son côté, le Youcef Aouchiche, premier secrétaire du FFS, le plus vieux parti d'opposition en Algérie a estimé que le peuple Algérien dans son écrasante majorité ,a « tourné le dos à ce scrutin, assénant un coup dur pour le pouvoir qui ne cesse de se vanter et de s'efforcer à défendre, auprès de l'opinion nationale et internationale, la réussite et le bien-fondé de sa feuille de route ». Selon lui, ce rejet massif des Algériens à nouveau des élections démontre « clairement une aspiration populaire profonde et inébranlable pour le changement et l'instauration d'un Etat de droit démocratique et social dans le pays », ce qui n'est pas le cas actuellement avec le président Abdelmadjid Tebboune, placé au pouvoir par la junte militaire. Youcef Aouchiche a par ailleurs affirmé que « toute autre lecture ou justification de cette abstention massive n'est que forfaiture et fuite en avant qui ne fera que nous éloigner davantage de la solution politique et creuser encore plus, le fossé, déjà important, qui sépare le peuple de ses dirigeants ».