Sous le thème : « Financement de la recherche au Maroc et en France : quelles perspectives ?», le Ministère de l'Economie et des Finances a organisé un webinaire ce samedi 19 juin, conjointement avec la Trésorerie générale du Royaume, l'Association pour la Fondation Internationale de Finances publiques (Fondafip) avec le soutien de la Revue Française de Finances Publiques (RFFP). À cette occasion, Noureddine Bensouda, Trésorier Général du Royaume a mis en avant les avancées réalisées dans le domaine de la recherche scientifique toutes disciplines confondues, grâce à l'Homme qui a toujours été poussé par sa soif de savoir et de connaissances. Et c'est ce qui a fait de l'humanité, selon lui, ce qu'elle est aujourd'hui avec ses plus brillantes réalisations et ses plus grandes tragédies. La recherche scientifique a en tout cas été mise à l'honneur par le patron de la TGR. « La recherche est l'un des grands moteurs de développement des pays. Et par recherche, j'entends bien évidemment recherche scientifique dans son acception la plus large, qui inclut toutes les composantes de la recherche, tous les domaines et toutes les disciplines scientifiques, technologiques, économiques, culturelles, artistiques, philosophiques,... et j'en passe » a-t-il déclaré. Au Maroc, le panorama du monde de la recherche comprend un bon nombre d'acteurs a indiqué Noureddine Bensouda, notant qu'il est principalement composé d'universités et de grandes écoles qui peuvent être publiques, privées ou encore affiliées à des fondations à but non lucratif, d'une multitude d'établissements publics de recherche et enfin de quelques entreprises qui incorporent des activités de recherche et développement. Eléments à l'appui, le Trésorier Général du Royaume s'est basé sur le rapport de l'étude relative à la recherche scientifique et à l'innovation dans le monde arabe, de juin 2019, qui montre que les dépenses intérieures de recherche et développement au Maroc, rapportées au PIB, avoisinent les 0,7% en 2017. Elles sont passées à environ 0,8% en 2020 a-t-il poursuivi, tandis que la moyenne de l'OCDE pour ce même ratio, appelé aussi « intensité de la recherche », était de 2,419% en 2018, avec, toutefois, une certaine disparité entre les pays membres. La Corée arrive dans le peloton de tête avec 4,516%, avec la Suède 3,321% et le Japon 3,275%, suivis, d'un peu plus loin, par les Etats-Unis avec 2,947%, et la France 2,196% a indique Bensouda, signalant dans ce sens que l'objectif fixé par l'Union européenne dans le cadre de la stratégie Europe 2020 était d'allouer 3% du PIB à la recherche. En tout état de cause, le Trésorier général du Royaume a précisé que ce taux ne varie pas significativement d'année en année ce qui montre tout le gap qui reste à combler pour le Maroc en termes d'effort de financement. Toujours est-il que mobiliser les ressources nécessaires pour le financement de la recherche dans notre pays est un défi de taille que nous devons tous relever a pointé Noureddine Bensouda. Certes, des initiatives dans ce sens existent bel et bien, a-t-il noté. Mais, il est nécessaire selon lui de multiplier les efforts et de faire preuve de créativité pour améliorer le volume des investissements dans la recherche qui sont, à mon sens, la clé de notre avenir. À ce propos, Bensouda a révélé que plusieurs expériences à l'international ont démontré le rôle important que peut jouer le secteur privé pour soutenir la recherche. Car, la relation entre ces deux mondes : le monde de l'entreprise d'un côté et celui de la recherche de l'autre, doit être une relation de symbiose, mutuellement profitable et, par-dessus tout, bénéfique pour le développement du pays. Selon le Trésorier Générale du Royaume, le secteur public est, ainsi, appelé à jouer un rôle de catalyseur. Car même si les travaux de recherche sont réalisés en grande partie par le secteur privé, le secteur public en supporte, généralement, une bonne part de financement, sous différentes formes, a précisé le Trésorier Général du Royaume, notamment les subventions, aides directes, avances récupérables, crédit d'impôt, etc. Noureddine Bensouda a, en ce sens, plaidé l'exploration de la piste du crowdfunding (financement collaboratif). Il pourrait constituer un des nouveaux modes de financement de la recherche scientifique au Maroc, a-t-il dit. Il a ainsi souligné l'existence « de nouvelles pistes à explorer, de nouveaux modes de financement qu'il serait utile de mettre à contribution. Le crowdfunding en fait certainement partie. Des plateformes de crowdfunding pourraient, ainsi, être dédiées au financement de la recherche, à l'image de celles qui existent déjà dans le domaine de la recherche médicale ». De son côté, Jamila El Alami, Directrice du CNRST a souligné l'importance de diversifier et de développer les sources de financement, consistant à doter les structures de valorisation de la Recherche et de l'innovation d'un cadre juridique, mettre en place des structures d'aide au montage et à la gestion des projets de recherche, assouplir les procédures de gestion administrative et financière des projets de recherche, assurer une coordination avancée entre les départements ministériels ou encore asseoir une gouvernance Public-Privé relative au SNRI. Elle a également évoqué la gouvernance et la mobilisation des institutionnels, à travers notamment l'introduction d'un package d'incitations à la R&D destiné à encourager les entreprises à investir et réaliser des programmes de R&D, des Crédits d'impôt R&D, l'exonération de l'IS sur les dépenses R&D des entreprises externalisant leurs travaux de R&D dans une structure de recherche publique. (CGEM, 2017) et des mécanismes de financement (remboursable) pour appuyer la commercialisation des projets d'innovations (last mile: compagnes de promotion, marketing, publicité, etc...)