L'accueil par le gouvernement de Pedro Sanchez du chef des milices séparatistes sahraouis du polisario, Brahim Ghali, a réouvert des plaies chez des familles espagnoles dont les membres ont été tués par cette organisation qu'aujourd'hui, Madrid protège contre toute attente. Les victimes du polisario se comptent par milliers, et ne comprennent pas seulement des marocains sahraouis mais aussi des Espagnols qui habitaient le Sahara pendant l'occupation espagnole, des Sahraouis naturalisés espagnols à cette période, et d'autres qui résidaient les îles canaries. Depuis sa création en 1973 en Mauritanie, l'organisation séparatiste qui a détourné le mouvement d'indépendance de l'occupation espagnole (aidée par l'ancien président algérien Houari Boumédiène et l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, tous deux anti-monarchies) a multiplié les meurtres, séquestrations et tortures de civils, et ces pratiques sont toujours en cours dans les camps de réfugiés de Tindouf. Les troupes espagnoles présentes dans le Sahara marocain ont été attaquées par les miliciens et à ce jour, 274 victimes du polisario aux Îles Canaries ont été recensées. Les miliciens du polisario ont mené des opérations d'enlèvements, de tortures, et de meurtres entre 1973 et 1986 tout en restant impunis. La dernière attaque contre des Espagnols en date remonte à 1985, lorsqu'un pêcheur canarien a été kidnappé par les milices séparatistes et ont attaqué la marine espagnole venue le libérer. Le gouvernement de Felipe Gonzalez avait alors décidé leur expulsion. Pour les victimes canariennes de la milice dirigée par Brahim Ghali, cerveau des opérations et qui torturait à mains nues les civils selon les témoignages de survivants comme celui de Dahi Aguai, l'hospitalisation de ce meurtrier en Espagne et sa protection par le gouvernement espagnol est difficile à avaler. D'autant plus que la justice espagnole, réputée pour être indépendante de la politique, s'est retrouvée à l'innocenter de lourdes charges de crimes pour l'humanité pesant contre l'homme. Plusieurs plaintes de différentes victimes, ont été déposées en Espagne depuis 2008, pourtant, la justice espagnole n'a ouvert que deux dossiers, excluant celui des victimes espagnoles. En ce sens, l'Association Canarienne des Victimes du Terrorisme (Acavite), a dénoncé la non admission de la plainte qu'elle a déposée en 2012 pour génocide. L'association dénonce également que la justice espagnole n'ait à aucun moment mentionné ce dossier là lors de la comparution en ligne le 1er juin de Brahim Ghali. Le juge Santiago Pedraz, de la Audiencia Nacional, la juridiction la plus importante qui traite des graves crimes en Espagne, qui est un proche du parti PSOE dont est issu le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, affirmait chercher des preuves de l'implication de Brahim Ghali dans les crimes qui lui sont reprochés, mais n'a pas pris en compte le nombre de plaintes, le nombre de victimes, les preuves, et la réalité sur le terrain du polisario, une organisation totalement de nature militaire. La présidente de cette association, Lucía Jiménez, dont le père fait partie des victimes des attaques du polisario, a fait part de sa surprise du jugement de l'Audiencia National qui n'a pas voulu prendre en compte la plainte de l'Acavite et qui a accordé la liberté à Ghali, le laissent retourner en Algérie innocenté. Lucía Jiménez a dénoncé la complicité des partis politiques canariens avec le polisario et l'abandon total des veuves et orphelins des victimes, soulignant que cette affaire de l'hospitalisation de Brahim Ghali en Espagne, a révélé « une importante connivence médiatique » et le fait que ces meurtres signés par le polisario ont été maquillés en « accidents de travail ou des disparitions ». Dans les Îles Canaries, l'incompréhension est totale vis à vis de la protection et les soins médicaux accordés par l'Espagne à celui qui signé le meurtre de centaines de citoyens espagnol civils. Les blessures sont encore présentes à ce jour et les explications manquent.