Le Maroc a exclu les ports d'Espagne de « l'opération Paso del Estrecho » ou de l'Opération Marhaba. Comme l'année dernière, il ne maintiendra la communication qu'avec les ports italiens et français de Marseille, Sète et Gênes. En effet dans le dernier communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères, le Royaume a annoncé que ses citoyens pourront effectuer le retour estival par les mêmes ports européens que l'an dernier, (France et Italie), mettant de côté ceux d'Espagne, traditionnellement les plus fréquentées. C'est que chaque année abstraction faite de l'année 2020 une année « non réf », de la mi-juin à fin septembre, des millions de Marocains résidents à l'étranger (MRE) en Europe, qui veulent regagner le Royaume par voie routière, passent par l'Espagne et traversent le Détroit. En 2019, cela avait permis le passage de 3 340 045 personnes et 760 215 véhicules c'est dire l'importance que revêt ce transit pour les trois principaux espagnols dédiés à ce trafic. En 2019, ces deniers enregistraient pour Algésiras (894 891 passagers), Almeria (280 312) et Tarifa (271 554). D'autres terminaux maritimes tels qu'Alicante, Malaga, Motril et Valence avaient également accueilli des milliers de voyages. Cette annulation touche également le port de l'enclave occupée de Sebta qui lui aussi desservait ce transit. Sur la base de ces chiffres, le Strait Pass est considéré comme le plus grand transfert de citoyens entre deux continents et s'est développé en deux phases : l'aller entre la mi-juin et la mi-août et Retour, entre mi-juillet et mi-septembre. Sûr, que la décision marocaine aura des conséquences pour ces villes car la non réception de milliers de passagers aura un coût économique et donc un impact prédominant sur les bilans des compagnies maritimes qui, pendant les mois d'été, assument le transfert de véhicules et des personnes. De plus, les pertes à venir de cette année viendront s'ajouter à celles de l'année passée. Le manque à gagner lors de cette année 2020 tournaient autour des 70 millions d'euros pour les trois ports, principalement touchés Algésiras, Alméria et Tarifa. Dans le volet logistique, l'OPE mobilise chaque année une multitude de ressources publiques à travers des dispositifs spéciaux dirigés par le ministère de l'Intérieur, les Affaires étrangères et la Santé, en plus de la collaboration des administrations régionales et locales. Par exemple, dans le dispositif de sécurité et d'assistance déployé en 2019, selon les données officielles, plus de 21 000 membres du personnel des Forces et Organismes de Sécurité de l'Etat (personnel de santé, protection civile, traducteurs, membres de la Croix Rouge, Autorités Portuaires...), avaient participé à l'opération Marhaba en Espagne. Le gouvernement marocain en excluant les ports espagnols des traversées maritimes qui relieront cet été le Maroc à l'Europe, a suspendu de ce fait l' opération Marhaba ou Paso del Estrecho (OPE) dans la péninsule, en répétant la manœuvre de l'année passée sans trop donner d'explications. Pour nombre de médias espagnoles cette décision faite en pleine crise diplomatique entre Rabat et Madrid rime avec une première réponse. Effectivement après avoir acté le retour de Ghali en Algérie, le Maroc avait annoncé qu'il étudiait les mesures à prendre. C'est donc en toute logique que pour les médias espagnols, il semble difficile, dans ce climat de tension entre Madrid et Rabat, de séparer le problème diplomatique de cette décision de suspendre l'OPE pour la seconde année consécutive. Cela fait, autant plus, enrager l'autre rive que le communiqué ne précise pas si ces restrictions dureront tout l'été ou si elles pourront être levées en août, après l'Aïd El Adha, prévue fin juillet. Pour ces médias, il s'agit d'une décision qui implique de réduire considérablement les arrivées de MRE, ce qui, en temps normal, entraîne l'arrivée de plusieurs millions de personnes via les ports et les aéroports. Avec ces restrictions les compagnies maritimes qui seront mobilisées (Marseille Sète et Gênes) ne pourront transporter qu'un maximum de 250 000 personnes, soit un dixième de celles qui voyagent en bateau en temps normal. Aussi prédisent-ils avec « amertume » que même avec l'ouverture de l'espace aérien avec la quasi-totalité de l'Europe dès le 15 juin, le nombre total d'entrées au Maroc ne devrait pas dépasser pas le million de personnes.