L'Espagne reste dans l'attente d'une réaction du Maroc après l'exfiltration de Brahim Ghali, le chef militaires des milices séparatistes du polisario, accusé de crimes de torture, disparitions forcées et meurtres contre des Sahraouis et Espagnols. Les critiques pleuvent sur le gouvernement de Pedro Sanchez et de sa ministre des Affaires Etrangères, Arancha Gonzalez Laya, qui ont « mal géré » les relations hautement importantes (dans les deux sens) avec le Maroc, si bien que des appels à sa démission ont été lancé en Espagne, la situation de crise diplomatique reste toujours à l'ordre du jour. Aujourd'hui, cette crise diplomatique majeure a démontré les incohérences de la politique étrangère du gouvernement Sanchez vis à vis du Maroc, qui affirme officiellement son soutien à Rabat dans le conflit du Sahara et qui complote dans les coulisses avec un régime autoritaire et militaire qu'est l'Algérie, le pays, il faut le rappeler, qui a créé l'entité séparatiste sahraouie du polisario et continue de l'entretenir. Cette crise a surtout démontré qu'au sein du fragile gouvernement emmené par Pedro Sanchez, les ministres ne sont pas d'accord, surtout après la révélation que le ministre espagnol de l'Intérieur était frontalement contre l'accueil de Brahim Ghali en Espagne. Cela a permis à l'opposition d'avoir de forts arguments pour appeler à la démission de la cheffe de diplomatie et un remaniement gouvernemental n'est pas à exclure dans les prochains jours. Après la sortie de son territoire de Brahim Ghali, l'Espagne espère que le Maroc tempérera sa position, et reste dans l'attente d'un signe -qui ne vient pas- de la part de Rabat. Dans son arsenal, l'Espagne chercherait à organiser une visite officielle d'un de ses ministre à Rabat, ou en dernier recours, un appel de Roi à Roi. Felipe VI avait déjà manifesté en début de crise, sa volonté de contribuer à l'apaisement des tensions s'il le fallait. Le Maroc et l'Espagne « sont deux pays qui ont besoin l'un de l'autre », a déclaré jeudi la porte parole du gouvernement espagnol Maria Jesus Montero, cherchant visiblement à apaiser les tensions. Il ne s'agit pas de « n'importe quel type de relation puisque c'est (le Maroc) un pays avec lequel nous avons une relations historique de voisinage, avec d'importants intérêts commerciaux mutuels de l'Europe en Afrique et de l'Afrique en Europe » pas seulement au niveau bilatéral. Les ministres espagnols dans leurs déclarations ont affirmé par ailleurs que la diplomatie était en train de faire son travail pour un retour à la normale. Selon une source diplomatique marocaine consultée par Hespress FR, c'est surtout le Maroc qui attend une réaction de l'Espagne, en d'autres termes, ce que l'Espagne va faire pour apaiser les tensions qu'elle a créées. Madrid qui attend la réaction de Rabat, semble oublier le dernier communiqué officiel de la diplomatie marocaine datant de lundi, soit un jour avant le procès de Ghali, qui semblait dire que la crise est beaucoup plus profonde que l'affaire judiciaire du séparatiste, et qu'il s'agissait surtout d'une confiance brisée entre deux partenaires ou deux pays qui se réclamaient comme amis, n'éludant pas que cette crise pose le problème de la (révélation?) réelle position de Madrid dans le dossier du Sahara. L'Espagne créé la crise avec le Maroc mais ne l'assume pas Après avoir provoqué la brouille diplomatique avec Rabat en accueillant illégalement et en cachette l'homme qui menace la stabilité du Maroc et son intégrité territoriale en ayant des prétentions sur le Sahara, un territoire récupéré de la colonisation espagnole en 1975, l'Espagne s'attend aujourd'hui à une baisse des tensions avec son partenaire, en témoignent les déclarations et apparitions médiatiques cherchant l'apaisement. La crise diplomatique entre Madrid et Rabat avait été sous-estimée en Espagne au début, au moment où le Maroc demandait des explications sur les raisons et les motivations de l'Espagne à accueillir un homme qui représente une menace pour le Maroc sans le consulter. Les questions de Rabat adressées à Madrid sont restées lettre morte. La diplomatie espagnole qui a été surprise que son plan soit révélé à la presse avec tous les détails de l'opération, et sans surprises, n'a pas pu fournir d'explications crédibles et convaincantes à son voisin du sud pour lui montrer sa bonne foi dans cette affaire. Cette incapacité à fournir des explications de la part de l'Espagne s'explique par le fait que l'opération se soit déroulée en catimini dans un accord entre le président algérien Abdelmadjid Tebboune et le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez (issu du parti du PSOE), illégalement, de façon à faire éviter un procès pour crimes contre l'humanité qui attend Brahim Ghali depuis 2008. Mais suite au relâchement des forces de sécurité marocaines vers les frontières avec la ville de Sebta occupée qui a permis à près de 10.000 personnes de rejoindre à la nage l'autre rive, c'est toute l'Espagne qui s'est réveillée et est montée au créneau, prenant conscience de l'énorme poids migratoire que le Maroc en prend en charge et gère seul au moment où dans les faits, le royaume n'est pas tenu de garder des frontières autres que les siennes, comme l'a rappelé le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita. Et c'est cet épisode migratoire de moins de 48 heures qui a forcé la diplomatie espagnole à changer d'approche, de ton vis à vis du Maroc et à chercher l'apaisement voyant qu'à ce jeu, c'est elle qui aura tout à perdre, la confiance du peuple et un partenariat sans équivalent en Afrique et Afrique du nord. Si le juge Santiago Pedraz, un proche du parti PSOE, a tout fait pour éviter d'inculper Brahim Ghali, lui offrant même la possibilité de témoigner à distance à son procès théâtral, le mal était déjà fait. Quelques heures à peine après un procès auquel il ne pouvait, semble-t-il pas se rendre en raison de sa santé, ce dernier a réussi à se déplacer non seulement vers une autre ville, mais vers un autre pays, en Algérie. Aujourd'hui, la question qui reste en suspens c'est de savoir pourquoi l'Espagne, a-t-elle choisi de mettre en péril sa relation avec le Maroc pour un homme comme Brahim Ghali, un agent d'Alger dont le plan est d'offrir à l'Algérie une ouverture sur l'Atlantique et d'encercler le Maroc sous la ouverture d'un Etat. Il est aussi judicieux de soulever la question, et à juste titre, de savoir si l'Espagne ne serait pas en train de comploter contre l'intégrité territoriale du Maroc dans le dossier du Sahara, car il faut le rappeler, Madrid a été la première capitale à aller se plaindre envers la nouvelle administration américaine de Joe Biden, de la décision prise par l'administration Trump de reconnaitre la pleine souveraineté du Maroc sur le Sahara.