L'interprète de « ne me quitte pas » a fini par nous quitter un 9 octobre 1978. Quarante ans déjà ! (1929-1978). Jacques Brel s'est éteint lors de la saison morte, il a succombé à une embolie pulmonaire dans la région parisienne. Sa santé lui a fait un sale coup, mais pas son art. Brel est parti alors que sa carrière artistique était au summum. Quarante ans après sa mort, Jacques Brel continue d'inspirer ses admirateurs et de les enchanter avec ses chansons de cœur et surtout d'autodérision. Le compositeur interprète Belge était et est toujours l'un des pionniers de la francophonie, la finesse lourde de ses mots donne l'impression qu'il ne les employait pas. Sa fougue, ses débuts... Jacques Brel chanta « Quand on a que l'amour », et quand ses fans bluffés ont le mal du chanteur ils plongent dans son répertoire qui regorge de fougue, de réalisme, d'amour et de fissures : « ces gens-là », « la Fanette », « les Flamandes », « le plat pays »... et la liste est longue. Des inoubliables ! Les passages du chanteur sur scène sont d'une fougue sans pareil, il y pleurait, riait, souriait, regrettait... il en voyait et en envoyait de toutes les couleurs. Le chanteur à succès enchaînait les échecs scolaires ce qui a poussé son père à le faire rejoindre l'entreprise familiale à l'âge de 18 ans, quelques années après, il adhère au mouvement philanthropique « la Franche Cordée » où il a monté nombre de pièces théâtrales et où il a rencontré le grand amour, son épouse, Thérèse Michielsen ou Miche. Le grand chanteur avait des débuts des plus modestes. Brel chantait dans des cabarets de Bruxelles et devant sa famille qui ne lui montrait aucun support ni admiration, d'où son côté mélancolique qui s'est aiguisé lors de son passage, seul, à Paris. En 1955, Brel a rencontré celui qui a su s'immiscer dans son petit monde sombre et pétillant, François Rauber, pianiste classique. Il lui donna la formation musicale qui lui manquait. Brel trouva sans doute son bonheur chez les pianistes. Il est tombé sur le pianiste avec qui il va écrire une bonne partie de son répertoire, « Madeleine », « la chanson des vieux amants », « les vieux »... « Quand on a que l'amour », chantée avec beaucoup d'amour, lui a valu le grand prix de l'Académie Charles-Cros. Le septième art, et son jardin secret… Si l'artiste acharné tournait la tête des mélomanes avec ses chansons inédites et originales, les conquêtes féminines, l'alcool et le tabac lui tournaient la tête et faisaient émerger sa part d'ombre. Le Brel a aussi une empreinte dans le monde du cinéma, « Mon oncle Benjamin », « l'emmerdeur », « l'aventure c'est l'aventure », etc., des titres originaux tout comme le chanteur, qui nous font irrésistiblement penser à lui. Les chanteurs de son époque et les autres générations n'ont cessé de puiser dans le répertoire du grand Brel, sans pouvoir l'imiter. Ils étaient nombreux à essayer de franchir, par audace, les chansons monumentales de l'artiste fort et torturé. « Quand il n'y a plus rien à dire, il faut se taire », disait Brel. Aujourd'hui, il s'est tu pour de bon, mais ses chansons parlent toujours à tous les esprits et à toutes les âmes, elles ne nous quitteront pas…!