Le pouvoir algérien mène une nouvelle campagne de répression intense contre les Algériens à l'approche des élections législatives du 12 juin, boycottées à l'avance par l'opposition et le Hirak qui rassemble la majorité des citoyens algériens. Les interpellations se comptent par milliers et visent autant les citoyens que les opposants, les militants et les journalistes. Alors que la répression se faisait traditionnellement par la force lors des manifestations du Hirak, depuis plusieurs semaines, et à cause de l'approche des prochaines élections législatives anticipées convoquées par le président Abdelmadjid Tebboune. Le président algérien avait précédemment dissout le Parlement et son stratégie consiste à redistribuer les cartes de l'hémicycle et s'octroyer une majorité écrasante pour nourrir la pensée unique dans ce pays qui se transforme dangereusement en dictature militaire appuyée par des modifications de la Constitution, des lois permettant d'emprisonner à tout va sous prétexte « d'atteinte à l'unité nationale ». Ces dernières 24 heures, près de 20 personnes ont été condamnées à des peines de prison dans le pays à cause de leur participation aux manifestations du Hirak, un « Hirak béni » selon les propres mots du président Tebboune qui a pu gagner son siège à la Mouradia grâce à la mobilisation du peuple contre le régime. La Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), une ONG de défense des droit humains, a fait état de la « répression croissante » avant les élections législatives, boycottées par le mouvement pro-démocratie dans le pays. « En recourant à une répression intense, le régime met en évidence l'échec de la feuille de route politique et son incapacité à trouver une solution à la crise qui secoue le pays », a déclaré Said Salhi, le vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme sur Facebook, en indiquant que la situation devenait « inquiétante ». « Les autorités ont détenu vendredi 62 personnes à travers le pays, dont neuf manifestants condamnés à un an de prison à Skikda, dans le nord-est de l'Algérie », ajoute la même source. Selon Said Salhi, plus de 2.000 personnes ont été interpellées, parmi elles, une centaine sont été placées en garde à vue, et près de 60 personnes sous mandat de dépôt. Ces dernières semaines, le pouvoir a décidé d'interdire les manifestations qui n'ont pas reçu d'autorisation de la part des autorités et dans le même temps, toutes les manifestations du Hirak qui ont été annoncées et ont fait l'objet d'une demande ont été refusées. Devant cette tentative de faire taire l'opposition en amont et d'empêcher les marches du Hirak, surtout pour ne pas donner une image de pays instable politiquement à l'étranger, les spécialistes y voit un nouveau tour de force des militaires algériens pour faire passer la feuille de route du président Tebboune qui veut instaurer une dictature dans le pays. Face à la détermination des marcheurs du Hirak, le pouvoir a commencé à arrêter massivement les manifestants leur collant des procès et à bloquer internet pour empêcher les manifestants de partager sur les réseaux sociaux leur tweets, images et vidéos. Vendredi dernier, jour des marches pacifiques du Hirak, au moins 800 interpellations ont été recensées dans 15 des 58 wilayas du pays. Les personnes arrêtées sont accusées d' »atteinte à l'unité nationale », d' »incitation à attroupement non armé » et de « non respect des mesures administratives ». Plusieurs personnalités ont été ciblées par des intimidations du pouvoir, notamment des universitaires, des politologues, des chefs de partis d'opposition, de bloggeurs, de journalistes et défenseurs des droits humains. Parmi elles, figure le militant Slimane Hamitouche qui a été condamné lundi à un an de prison ferme par le tribunal de Sidi M'hamed à Alger), selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Slimane Hamitouche a été placé sous mandat de dépôt le 12 mai et est poursuivi pour » attroupement et incitation à attroupement », et depuis fait l'objet de persécution de la police. De même, le parquet a requis mardi un an de prison ferme contre la journaliste Kenza Khatto, journaliste politique de la station privée Radio M, qui avait été violemment interpellée lors d'un marche du Hirak.