Alors que l'homme de main de Brahim Ghali, le chef des milices séparatistes du polisario, a annoncé dans une interview que ce dernier allait quitter l'Espagne sans se présenter devant la justice, l'Association sahraouie pour la défense des droits de l'homme (ASADEDH), revient à la charge auprès du magistrat de l'Audiencia nacional, Santiago Pedraz. Dans une interview exclusive accordée au site espagnol d'information Okdiario, Salem Lebsir, le numéro 2 du groupe séparatiste du polisario, a affirmé que Brahim Ghali allait quitter l'Espagne dans les prochains jours sans répondre à la convocation de la Cour nationale, dont il a refusé de signer la citation à comparaitre prévue pour le 1er juin. « Dès que Brahim Ghali aura récupéré, et ce sera le cas dans 10 jours, il quittera le pays. Il ne comparaîtra pas devant le juge», a affirmé Salem Lebsir, un proche de Brahim Ghali qui lui a rendu visite à l'hôpital de Logrono. Face à cette déclaration qui ne fait plus de doutes sur les intentions de l'accusé de crimes de guerre, de tortures et disparitions forcées sur des dissidents sahraouis du mouvement séparatiste, l'Association sahraouie pour la défense des droits de l'homme (ASADEDH), qui représente les victimes de Brahim Ghali, a de nouveau déposé une demande de confiscation de passeport contre Ghali. L'ASADEDH a demandé au juge Santiago Pedraz de retirer le passeport du chef du Front Polisario afin de l'empêcher son départ d'Espagne et de garantir sa déclaration devant le tribunal le 1er juin. Déjà dans une déclaration, l'ASADEDH a «énergiquement» condamné les propos de Lebsir, affirmant qu'il s'agit d'« un défi clair à la justice d'une démocratie consolidée telle que l'Espagne ». C'est «un mépris à la fois de la justice et du pouvoir politique espagnol, après les déclarations faites ces derniers jours par le ministre des Affaires étrangères dans lesquelles elle insiste sur le fait que si Ghali était convoqué, il devrait témoigner comme tout autre citoyen », indique l'association. En ce sens, l'ASDEDH a annoncé qu'elle allait porter ces «déclarations sérieuses» à la connaissance du Parquet afin que les « mesures pertinentes soient prises pour que Ghali n'échappe pas à nouveau à l'action de la justice » A noter que le chef de l'Audiencia !!!Nacional, la Cour compétente pour les crimes graves et les affaires internationales, a refusé deux fois les demandes et les recours des plaignants pour s'assurer de la présence de Ghali devant la justice. Des demandes qui ont été émises par l'association ASADEDH et Fadel El Breika. A ce jour, deux affaires distinctes sont ouvertes par la justice espagnole contre Brahim Ghali bien qu'il existe d'autres plaintes et d'autres affaires fermées étant donné qu'il n'était pas sur place en Espagne pour répondre de ces accusations. La cheffe de la diplomatie espagnole, Arancha Gonzales Laya, après avoir été peu convaincante sur sa position concernant les affaires judiciaires ouvertes contre Brahim Ghali et qui déclarait simplement qu'il devait passer devant la justice comme tout autre citoyen, a nuancé ses propos pour enfin dire que le chef du Polisario doit répondre de poursuites judiciaires en Espagne avant de quitter le pays. « Lorsque Ghali se sera remis de ses problèmes de santé, il devra répondre à la Haute Cour d'Espagne avant de retourner à son pays", a-t-elle déclaré à l'antenne de la radio nationale espagnole. De son côté, la présidente du gouvernement de la communauté autonome La Rioja, Concha Andreu, citée par le site d'information La Rioja, qui a été interpelée par une question d'un journaliste qui lui a demandé si la présence d'une personne comme le chef du Front Polisario admise à l'hôpital San Pedro de Logroño la mettait dans une position inconfortable, elle a répondu que « la situation est ce qu'elle est » et a renvoyé la responsabilité au ministère des Affaires étrangères, qui est compétent en la matière. Le Maroc presse l'Espagne de fournir des justifications et justificatifs entourant l'accueil du chef des milices séparatistes menaçant l'intégrité territoriale marocaine depuis le début de l'affaire, d'autant plus que cet accueil qui a été présenté comme « uniquement humanitaire » s'est fait dans des circonstances mystérieuses, en utilisant de faux documents et avec la médiation algérienne du président Tebboune. Rabat a également mis en garde l'Espagne contre toute tentative d'exfiltration du criminel recherché pour crimes contre l'humanité. Dimanche, le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita a déclaré sur la radio française Europe 1 que « si l'Espagne cherche à exfiltrer (Brahim Ghali) c'est qu'elle cherche l'aggravation de la crise, voire même la rupture ».