Brahim Ghali ne sera pas poursuivi en état d'arrestation après que le juge ait refusé de l'envoyer en prison ou de lui retirer son passeport. Le leader du Front Polisario pourra donc quitter l'Espagne. Le juge Santiago Pedraz, instructeur de l'Audiencia Nacional, a rejeté mardi toutes les mesures demandées à l'encontre du concerné, notamment l'entrée en détention provisoire et le retrait du passeport. Cette décision du magistrat espagnol vient après le témoignage et l'échange ayant eu lieu ce matin par vidéoconférence de l'hôpital de Logroño où il est dit que Brahim Ghali est admis pour le coronavirus depuis la mi-avril. Tout le long de l'interrogatoire, Ghali a nié les différents crimes qui lui sont attribués. Il a défendu son innocence et a rejeté les faits qui lui sont imputés dans les deux plaintes déposées contre lui : l'une par le blogueur Fadel Breica, de nationalité espagnole, qui l'accuse de torture et de détention illégale dans les camps de Tindouf en 2019 ; et une autre par l'Association sahraouie pour la défense des droits de l'homme (Asadedh), qui lui attribue des crimes de génocide et des crimes contre l'humanité (contre des dissidents et des prisonniers de guerre sahraouis au cours des dernières décennies). Son avocat, Manuel Ollé a déclaré que les faits qui font l'objet de l'accusation sont faux et que cela a été démontré. Son avocat a ajouté que ce procès a un motif politique ayant pour but d'atteindre la crédibilité du mouvement « sahraoui ». Lire aussi| L'Espagne est le meilleur allié du Maroc dans l'UE, selon le ministre de l'Intérieur espagnol Il est reporté que Santiago Pedraz a seulement demandé à Brahim Ghali de fournir une adresse et un numéro de téléphone valables en Espagne et par lesquels il pourrait être contacté. Il a déclaré : » « aucun risque de fuite ne peut être apprécié » et qu'il n'y a pas de données en ce sens car Ghali a fait sa part pour collaborer avec la justice. « Dès qu'il a eu connaissance des faits instruits, il a comparu dans l'affaire et a accepté la pratique de sa déclaration, même compte tenu de l'état de santé dans lequel il se trouve ». Il tient de rappeler que le juge avait également refusé d'enquêter sur l'entrée du chef du Polisario en Espagne sous une fausse identité. Le juge ajoute que le chef du Front Polisario ne peut pas « dissimuler, altérer ou détruire des sources de preuves pertinentes pour l'accusation, compte tenu notamment de la date des événements faisant l'objet de l'enquête ». Il a ajouté que « le rapport de l'accusation n'a pas fourni d'éléments indicatifs – les déclarations des témoins dans l'affaire n'ont aucune preuve solide et irrévocable pour soutenir l'existence de motifs suffisants pour le responsabiliser d'un quelconque crime ». Lire aussi| Crise Maroc-Espagne : le ministère des Affaires étrangères réagit aux propos de Pedro Sanchez L'Association Sahraouie pour la Défense des Droits de l'Homme (ASADEDH) a réagi en demandant à Pedraz l'arrestation de Ghali et l'instructeur a répondu en le niant. Le magistrat a tenu compte à la fois de l'état de santé du leader du Polisario et du fait que, selon lui, « il n'y a pas d'indications claires » qu'il ait participé aux événements dénoncés. Dorénavant, le leader du front pourra donc quitter le territoire espagnol après la décision du juge. L'évènement tant attendu sur la scène internationale était pour certains un potentiel début d'apaisements pour les tensions présentes entre le Maroc et L'Espagne, des tensions qui ne cessent de connaitre de rebonds et péripéties. A suivre...