Pour un nouveau vendredi de leur mouvement de protestation, les Algériens sont toujours aussi nombreux à battre le pavé à travers le territoire national, pour réclamer le changement et dénoncer la vague de répression qui va crescendo dans le pays. Bravant la menace et le jeûne, les manifestants ont investi les rues pour dénoncer les dérives des diverses institutions sécuritaires et militaires du pays, notamment les services de sécurité et les Généraux qui, selon eux, pratiquent un « terrorisme d'Etat » contre le peuple algérien. « Libérez nos enfants ! Laissez-les jeûner avec leurs familles », scandaient-ils en plus des slogans habituels du hirak, « Etat civil et non militaire », « Généraux à la poubelle » et « à bas le régime ». Dans des villes comme Bouira, Béjaia, Tizi-Ouzou, Sétif, Constantine et Boumerdes, les manifestants ont aussi investi les rues à l'occasion de ce 115e vendredi de mobilisation populaire malgré les dizaines d'arrestations opérées chaque vendredi et mardi. A noter que l'Algérie a enregistré ces dernières semaines, à quelques mois des élections législatives, une recrudescence de la répression et des interpellations des manifestations. Plusieurs manifestants, activistes et journalistes ont été trainés devant les tribunaux cette semaine. Si certains d'entre eux ont été libérés sans poursuites judiciaires entamées à leur encontre, d'autres ont été placés sous contrôle judiciaire, comme c'est le cas du journaliste Said Boudour et de l'opposant Karim Tabbou, ou en détention provisoire à l'image de l'étudiant Massoum Mahiedddine, arrêté mardi dernier. Cette vague de répression sans précédent a été dénoncée par plusieurs organisations algériennes et internationales dont la Ligue algérienne de Défense des Droits de l'Homme (LADDH) qui a exprimé son inquiétude devant « l'escalade de la répression qui vise toutes les voix de l'opposition et du Hirak ».