Dans une situation de tensions et de méfiance croissantes en Russie, après ses récentes manœuvres aux abords des frontières ukrainiennes faisant rappeler l'annexion de la Crimée en 2014, les Européens ont réitéré leur soutien à Kiev et l'Otan a appelé à la « désescalade immédiate ». Après un entretien téléphonique entre le président américain Joe Biden et le président russe Vladimir Poutine qui semblait mettre les deux parties sur la voie d'un sommet et d'une certaine réconciliation, les Etats-Unis ont créé la surprise en imposant des sanctions envers Moscou, ce qui a provoqué une réaction similaire de la part de la Russie vendredi. « Nous avons entendu la déclaration du président J. Biden sur son intérêt pour des relations +stables, constructives et prévisibles+ avec la Russie, notamment sur la tenue d'un sommet russo-américain », a déclaré le ministère russe des Affaires Etrangères, affirmant voir la proposition comme positive. Ainsi, Moscou a annoncé l'interdiction d'entrée sur son territoire de plusieurs personnalités américaines, dont les ministres américains de la Justice, de la Sécurité intérieure, la conseillère en politique intérieure, le patron du FBI et la directrice du renseignement. L'interdiction d'entrée en Russie concerne également le chef du bureau des prisons Michael Carjaval, l'ancien conseiller de Donald Trump, John Bolton, et l'ex-chef de la CIA Robert Wolsey. Au même moment, les alliés de l'Otan ont demandé à la Russie de laisser le libre accès aux ports ukrainiens situées au niveau de la mer d'Azov, accusant Moscou de « comportement déstabilisateur ». Exprimant leur « inquiétude » à propos des manœuvres maritimes autour de la Crimée, l'Otan demande « à la Russie de garantir le libre accès aux ports ukrainiens de la mer d'Azov et de permettre la liberté de navigation », a écrit dans un communiqué une porte-parole de l'Alliance atlantique. Restreindre l'accès à certaines zones de la mer Noire et au détroit de Kertch (qui la relie à la mer d'Azov) constituerait « une action injustifiée » de la part de la Russie, ajoute la même source, et d'appeler à la « désescalade immédiate ». Cet appel de l'Otan intervient alors que le ministère russe de la Défense, a annoncé vendredi la limitation de la navigation de navires militaires et officiels étrangers dans trois zones de Crimée, dont l'une est située au large de la presqu'île de Kertch, et ce jusqu'en octobre. Vendredi, le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel ainsi que le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ont tenu une visioconférence sur la situation aux frontières de l'Ukraine, notamment au Donbass qui connait des heurts avec les séparatistes pro-russes depuis plusieurs semaines. Les deux chefs d'Etat européens ont apporté leur soutien au président ukrainien, à la souveraineté de l'Ukraine, et ont appelé la Russie à retirer ses troupes à la frontière avec l'Ukraine. De son côté, Volodymyr Zelensky a fait part de sa volonté de désescalader. Les trois dirigeants ont partagé, au cours d'une visioconférence, « leurs préoccupations quant à l'augmentation (des effectifs) des troupes russes à la frontière avec l'Ukraine » et ont appelé à un retrait de « ces renforts afin de parvenir à une désescalade », a expliqué en ce sens la chancellerie allemande dans un communiqué.