Après la première puis la deuxième, nous voilà arrivés à la troisième vague de la pandémie du Covid-19. L'espoir placé dans le vaccin pour éradiquer le virus est finalement tombé à l'eau. Le virus est de plus en plus virulent et développe des variants dangereux. Le Maroc, et après que l'Europe ait été dévastée par les variants Britannique, Brésilien et Sud-Africain, a décidé de prendre plusieurs mesures draconiennes en commençant par suspendre ses liaisons aériennes de et vers plusieurs pays. Les mesures de précaution ont également été renforcées à l'échelle nationale pour limiter la propagation du virus, notamment avec l'apparition du variant britannique au Royaume ou encore la hausse des cas sévères. Un couvre-feu a donc été instauré de 20H à 6H du matin, même pendant ce mois sacré de Ramadan, en espérant alléger les mesures en été. En Europe, la troisième vague de pandémie est confirmée. Le Maroc ne fera donc pas l'exception. Joint par Hespress Fr, Pr. Moulay Mustapha Ennaji, virologue et directeur du laboratoire de virologie à l'Université Hassan II de Casablanca, avance dans sa déclaration que les données sont mitigées. « On a longtemps été sur des indicateurs verts et rassurants. Maintenant, on assiste à une recrudescence de la pandémie qui donne des signaux qui poussent à plus de vigilance de la part de tout un chacun. Il est certain qu'on est au début d'une troisième vague, comme dans le monde entier. Et on ne peut pas vivre isolés du monde. Il y a effectivement une baisse des cas, mais si on ne redouble pas de vigilance et si l'on ne prend pas de mesures restrictives, surtout avec le variant britannique, ça sera vraiment dangereux pour nous« , nous explique ce membre du Comité scientifique Covid-19. En parlant du variant britannique, Pr. Ennaji estime qu'il est plus présent dans la région de Casablanca-Settat que la région de Rabat-Salé-Kénitra ou les autres régions du Royaume « Moi je soupçonne qu'il soit plus présent dans la région de Casablanca-Settat. Pour la simple raison que Casablanca est le coeur battant du Maroc. Tous les échanges se font avec et via cette région. C'est clair que si le virus est arrivé à Dakhla et Ouarzazate, il est présent dans d'autres régions du Royaume ». Maintenant, on ne peut pas changer la donne, précise-il. « Le virus est là« . Mais il faut, selon Pr. Ennaji, se lancer dans une vaste campagne de sensibilisation à travers des messages aux citoyens. pour qu'ils évitent les rencontres en ce mois sacré, et surtout persévérer avec les gestes barrières. Est-ce que le virus ne circule que le soir et pas le matin ? C'est la question qui turlupine les Marocains après que le gouvernement de Saad Eddine El Otmani ait décidé d'imposer un couvre-feu pendant ce mois de Ramadan. A ce sujet, Pr. Ennaji estime qu'il y aura toujours des commentaires quelle que soit la décision prise par les autorités compétentes. « Mais on est face à un choix. Soit on laisse aller, parce qu'il y a un laisser-aller, et on accepte de payer les conséquences comme ce qui s'est passé pendant Aid Al-Adha, soit on durcit maintenant et après le mois de Ramadan, on aura plus de chance de revenir à la vie normale » avance-t-il. 1ère vague, 2è vague, 3è vague …. Et la fin c'est pour quand? Personne ne le sait! En effet, selon Pr. Ennaji, « un scientifique qui se respecte ne peut pas répondre à cette question« . « Comme je l'ai toujours dit, il s'agit d'un virus aux multiples facettes. Tout les efforts sont déployés pour arrêter la propagation du virus fantôme. Et plus on multiplie d'efforts, plus ce virus mute, change et se propage. Maintenant, le seul moyen c'est que le virus lui-même change et se circonscrit lui-même. Mais on ignore quand cela pourra se produire« , explique-t-il. Le virologue rappelle également qu'il y a des virus qui ont duré des siècles et qui ont fini par partir, et d'autres qui ont disparu au bout de 4-5 ans. « Tout dépend de la férocité du virus et comment il se développe finalement », explique le Pr. Moulay Mustaphe Ennaji, ajoutant que pour espérer la fin de ce « cauchemar », il y a trois cas de figure. « Premièrement, atteindre cette immunité collective à travers un vaccin efficace contre le virus. Deuxièmement, que le virus lui-même change et se contre-carre lui même. Troisièmement, avoir un traitement curatif, puisque le vaccin reste un traitement préventif », affirme-t-il. Optimiste, Pr. Ennaji soutient qu' « on a besoin aujourd'hui d'un traitement curatif. Il y a un énorme travail qui se fait dans ce sens. Les scientifiques et chercheurs ne croisent pas les bras ni les doigts. Ils travaillent jour et nuit pour trouver un traitement efficace. Et c'est certain que ça va donner des résultats positifs ».