Les indicateurs épidémiologiques au Maroc sont au vert. Le nombre de cas positifs, de décès dus au Covid-19 et même de cas en réanimation ou sous intubation, sont en baisse. Le virus serait-il en train de disparaitre ou ce sont les mesures restrictives et la conscience collective qui ont donné suite à la baisse de la courbe épidémiologique ? Joint par Hespress Fr, Pr. Moulay Mustapha Ennaji, virologue et directeur du laboratoire de virologie à l'Université Hassan II de Casablanca fait noter que la courbe épidémiologique est claire. Elle montre une certaine amélioration. raison pour laquelle on doit se demander pourquoi. Selon lui, une catégorie de citoyens fait le lien entre la baisse de la courbe et le lancement de la campagne de vaccination, « ce qui n'est pas le cas ». « La campagne de vaccination n'a eu aucun impact pour le moment sur la courbe épidémiologique. La vaccination ne montrera son effet que 2 à 3 mois après la première dose. Cela dit, d'autres facteurs ont contribué à cela« , selon Pr. Ennaji. Le premier facteur, dit-il, est que le virus est en train de « s'auto détruire, ce qui est connu chez les virus. Au bout d'un certain temps, ils commencent à faiblir jusqu'à disparaitre ». Mais combien de temps un virus prend-il avant de s'éteindre ? Interrogé sur ce point Pr. Ennaji rappelle qu' »il y a des pandémies qui sont restés 400 ans et puis ils ont disparu, d'autres 10 ans et puis plus rien. Puis il y a des virus qui apparaissent pour un an et disparaissent après ». Pour ce qui est du Covid-19, le virologue souligne qu'il a une « particularité, à savoir qu'il s'agit d'un nouveau virus qu'on ne connait pas à la lettre. Chaque jour, de nouveaux éléments apparaissent. Est-ce un virus saisonnier ou un virus qui disparaitra avec le vaccin ? On l'ignore. Mais ce qu'on espère, c'est que ce vaccin l'éradique pour ne pas vivre la même histoire avec le virus de la grippe saisonnière« , dit-il. Deuxième facteur, poursuit le virologue, concerne les mesures restrictives, notamment le couvre-feu imposé par les autorités publiques pour limiter la propagation du virus. « Avec ces restrictions, on limite la circulation et le mouvement de la population. Et parmi les facteurs qui font en sorte que le virus se propage c'est justement le mouvement de la population. Donc, le nombre de cas contaminés a aussi baissé », précise-t-il. Et enfin, le troisième point, « c'est que le citoyen marocain est devenu conscient de la dangerosité du virus et de l'importance du respect des mesures de précaution. Le citoyen se protège plus et il a pris l'habitude de garder une certaine distanciation avec les autres etc. Donc ces trois facteurs ont fait que la situation épidémiologique au Royaume soit au vert« , se félicite le spécialiste. Pour revenir à la campagne de vaccination, le virologue rappelle que pour le moment, les personnes vaccinées ne sont pas totalement protégées. Elles le seront dans deux ou trois mois après la prise de la première dose. « Ce n'est pas parce qu'on s'est fait vacciner qu'on doit laisser tomber les mesures barrières« , alerte-t-il. « Si on atteint l'immunité collective, on peut l'éradiquer. Mais elle doit se faire à l'échelle humanitaire. Chaque recoin du monde doit immuniser 70% de sa population. À ce moment là, on pourra atteindre cette immunité collective. Si moi je me fais vacciner, mais pas mon voisin, le virus ne va jamais disparaitre. 70% des citoyens de chaque pays doivent recevoir le vaccin pour atteindre cette immunité collective et éradiquer le virus » conclut Pr. Moulay Mustapha Ennaji.