Le président algérien Abdelmadjid Tebboune cherche à se maintenir au pouvoir « comme son prédécesseur », a estimé l'avocate, et présidente de l'Union pour le changement et le progrès (UCP), Zoubida Assoul, au moment où les élections législatives poussées par le pouvoir doivent avoir lieu le 12 juin et les Algériens comptent d'ores et déjà les boycotter. Comme pour la présidentielle de 2019 qui a vu Abdelmadjid Tebboune, le candidat de l'armée, prendre ses quartiers au palais Mouradia, les législatives convoquées par le pouvoir algérien vont connaitre la même résultante, a alerté l'avocate. Et c'est à un niveau record d'abstention de vote que la présidente de l'UCP, fait référence, étant donné que le peuple algérien avait décidé à l'époque de boycotter le scrutin. Cela, n'aura pas empêché quelques uns d'aller voter, et faire de Tebboune le prochain président, malgré son illégitimité. Pour ce rendez-vous électoral également, le Hirak a déjà annoncé la couleur en appelant au boycott, rejetant une élection avec les mêmes responsables politiques de l'ancien clan, et une large frange de l'opposition a également fait la même annonce. Une présidentielle anticipée et pas des législatives « Le prochain rendez-vous électoral connaîtra le même sort que l'élection présidentielle du 12 janvier 2020 et le référendum sur la Constitution: Il sera boudé par les Algériens », a déclaré Zoubida Assoul, lors d'une conférence de presse à Alger. Mais c'est ce boycott qui donnera les pleins pouvoirs à Abdelmadjid Tebboune pour rester président, a-t-elle également estimé. » Nous pensons que le président de la République ne cherche pas une solution à la crise politique qui secoue actuellement le pays, mais il veut plutôt se maintenir au pouvoir comme son prédécesseur », a-t-elle déclaré. Et d'ajouter que ces législatives « ne peuvent être, dans les circonstances actuelles une issue à la crise ». Selon elle, « les solutions pour sortir le pays du marasme existent, ce qui fait défaut, c'est la volonté politique ». En ce sens, la présidente de l'UCP, a proposé une solution à la crise qui consiste à organiser d'une élection présidentielle anticipée en 2022 sans plus attendre, et la mise en place d'un gouvernement de compétences nationales. La présidentielle anticipée est « la seule voie pour sortir de la crise multidimensionnelle actuelle qui bloque le pays », a-t-elle affirmé. Et concernant le gouvernement de compétences, il sera le seul habilité à faire sortir le pays de la crise économique dans laquelle il est plongé, à lancer des réformes profondes dans le système bancaire et le système fiscal, le secteur douanier, et tous les autres secteurs qui doivent être repensés et développés par des experts. Le Hirak est insuffisant dans son format actuel Concernant le Hirak, Zoubida Assoul a regretté que le Haut-Conseil de sécurité (HCS) menace les Algériens qui défilent chaque semaine pour réclamer la démocratie dans leur pays. Elle a estimé à ce titre qu'il est incompréhensible que le Haut-Conseil de sécurité, qui « est là pour assurer et garantir la sécurité du territoire et des citoyens », fasse le contraire. « Malheureusement, et jusqu'à présent, l'option qui a été retenue à la fois par le chef de l'Etat et la direction de l'armée, c'est le tout-sécuritaire », a-t-elle jugé et d'estimer que les manœuvres du pouvoir sont de nature à « diaboliser » le Hirak. « On n'a jamais vu cela de par le monde, un Conseil de sécurité menacer ses propres concitoyens » (…) C'est un cas unique dans le monde », s'est indignée la militante. Ainsi, elle a jugé que le Hirak devrait s'organiser en dehors des marches notamment dans le cadre de débats structurés pour trouver un consensus politique. « L'organisation de la révolution citoyenne (le Hirak, ndlr) nous permettra de constituer une véritable alternative au pouvoir ». « L'organisation doit être menée pour parvenir à une solution politique », a-t-elle ajouté en affirmant que le Hirak est actuellement un moyen de pression mais reste « insuffisant ».