Comme à chaque vendredi que Dieu fait, des milliers de citoyens algériens sont descendus dans les rues en Algérie pour battre le pavé. Pour ce 112ème vendredi du Hirak et ce malgré les répressions et les arrestations qui battent leur plein ces derniers temps, la mobilisation populaire a été au rendez-vous comme à l'accoutumée. L'impressionnant dispositif de répression sécuritaire déployé pour le contrôle de l'espace public des grandes agglomérations du pays, et plus particulièrement à Alger n'a pas empêché les Algérois ni les Algériens du reste qu'ils soient à Tizi Ouzou, Bejaïa, Bouira, Oran, Constantine, Tlemcen ou autres, de dire leur colère. L'armée par ses forces de l'ordre interposées aura beau réactiver cordons sécuritaires et autres dispositifs rien ne semble atténuer la volonté populaire quant au changement du système de gouvernance en Algérie. Mais toutes ces manœuvres de répression de la part des militaires n'ont qu'un but faire passer les élections du 12 juin dont devraient profiter in fine que des partis sans aucune assise populaire et donner du tonus aux nouvelles méthodes de répression afin d'éteindre toute voix dissonante dans les médias face à ce que de nombreux signes indiquent comme une restauration du régime autoritaire ébranlé par une large contestation nationale. En effet, face à la répression des médias infligée par le pouvoir à la moindre contestation rares sont ceux qui ne se sont pas soumis au diktat de Tebboune & co pour faire le beau, caresser dans le sens du poil en devenant la voix de leur maître. Des médias dont on se réjouissait de lire les lignes au regard de l'analyse de l'actualité traitée en Algérie sont devenues aujourd'hui la risée à l'international et à l'interne on en rit sous cape. Le régime algérien il n'y a pas à dire muselle ses médias tant et si bien qu'ils n'ont plus rien à dire sinon hurler avec les loups pour être nourris. Mais là, n'est vraiment pas le sujet. Revenons au Hirak. Ce vendredi dès la fin de la prière, des milliers de militants, d'activistes ou de simples sympathisants du Hirak se sont regroupés aux points coutumiers niveau des artères les plus stratégiques des villes et wilayas d'Algérie pour entamer la 112ème marche du Hirak de rang avec comme slogan principal partout "Etat civil et non militaire" en plus des autres revendications populaires et leur appel pour faire barrage aux tentatives de division. Ils ont brandi des pancartes "non à la torture", "non à la criminalisation", "oui à l'indépendance de la Justice", "C'est le Peuple qui décide !" et "la Rue appartient au Peuple" ou encore "non aux élections du 12 juin". Les manifestants ont en outre dénoncé les répressions commises par les forces de l'ordre contre les Hirakistes, en appelant à l'unité "il n'y a ni islamiste ni laïc, il y a une bande qui vole au grand jour", "A bas le régime" et "les généraux à la poubelle". Ces manifestations, populaires d'une détermination qui n'est plus à refaire, appellent au départ de système politique actuel, et à l'instauration d'une Algérie nouvelle, régie par un Etat de droit et de démocratie, et une justice indépendante et surtout qui ne soit pas militaire comme le confirment la multitudes de banderoles déployées à ce jour un peu partout dans le pays. Pour autant le régime algérien ne semble pas s'en soucier au contraire il s'est même manifesté afin de mieux sévir, par le biais du Haut conseil de sécurité (HCS). Réuni en semaine sous la présidence de Tebboune , il a accusé des «milieux séparatistes» et des «mouvances illégales proches du terrorisme» d'exploiter les marches hebdomadaires pour attaquer des institutions et des symboles de l'Etat. Des «actes subversifs» et des «dérapages» que l'Etat compte combattre avec intransigeance, souligne encore le HCS dans un communiqué qui manque de cohérence et de précision. De quels «milieux séparatistes et de mouvances illégales proches du terrorisme » est-il question ? Les seuls de la région qui sont connus sont ceux basés à Tindouf à la solde du régime d'Alger. Mais pour les avertis l'allusion est on ne peut claire et elle a trait à la Kabylie ou se prépare la Conférence régionale de Kabylie. En effet il s'agira au cours de cette réunion non définie ni dans le temps ni dans l'espace, de débattre de « grandes questions qui seront au cœur de cette conférence et qui se résument à trois grands chantiers ». Il s'agit de « la refondation de l'Etat et statut politique particulier de la Kabylie, la transition démocratique et changement de système et enfin l'économie et développement ». Un appel dans ce sens a été d'ailleurs lancé aux contributions. Ça sent déjà la bastonnade dans les Aurès.