Les soupçons de tentative de sédition pesant sur le prince jordanien Hamza se précisent lundi, après une vidéo publié par son avocat, où il affirme qu'il ne se conformera pas aux recommandations du d'état-major qui s'est rendu à son palais d'Amman pour lui demander de cesser toute activité visant à déstabiliser la Jordanie. Le royaume hachémite a été la cible d'une tentative de coup d'Etat impliquant une puissance étrangère, déjouée ce week-end. Alors que le Royaume de Jordanie doit célébrer son centenaire à la mi-avril, ce pays modèle de stabilité dans la région a été la cible de mouvements menaçant sa « sécurité » et sa « stabilité », selon les accusations qui ne font pas état d'une tentative de coup d'Etat contre la personne du roi. Mais pour le Washington Post, c'est bel et bien le roi Abdellah II qui a été visé, et le principal accusé est son demi-frère, le prince Hamza, né du quatrième et dernier mariage de l'ancien roi Hussein avec la princesse Noor, américaine de naissance et aussi suédoise par sa mère. Et si le roi jordanien a tenu à ce que le problème soit réglé en famille et que son demi frère ne soit pas déféré devant la Cour de sûreté de l'Etat comme l'ont recommandé les services de sécurité qui ont fait état de menace réelle pour la stabilité et la sécurité de l'Etat, le prince Hamza ne l'a pas entendu de cette oreille et défie désormais son frère ainé qui cherche à éviter un scandale public impliquant la famille royale. Dans un enregistrement vidéo publié sur Twitter, le prince jordanien désormais assigné à résidence dans son palais et surveillé notamment par ses communications a déclaré: « C'est sûr que je n'obéirai pas (aux ordres du chef d'état-major) quand il me dit que je ne suis pas autorisé à sortir, à tweeter, à communiquer avec les gens et que je suis seulement autorisé à voir ma famille ». « J'ai enregistré toute la conversation et je l'ai distribuée (…) Maintenant j'attends pour voir ce qui va arriver et ce qu'ils vont faire. Je ne veux pas bouger car je ne veux pas aggraver la situation », a ajouté le prince de 41 ans, père de 4 enfants. Samedi, alors que l'affaire a éclaté secouant tout le monde, les pays arabes en particulier, et provoquant un énorme mouvement de solidarité de la part des monarchies arabes, le roi hachémite a décidé « qu'une conversation devait avoir lieu avec le prince Hamza, afin de traiter la question dans le cadre de la famille, pour le dissuader de poursuivre ses activités », a indiqué le Premier ministre jordanien, Aymane Safadi lors d'une conférence de presse, ajoutant que ces actions menées par le demi-frère rompent avec les traditions et les valeurs de la famille hachémite. Ainsi, le chef d'état-major interarmées, le général Youssef Huneiti est parti à la rencontre du prince pour lui transmettre ce message lui demandant « d'arrêter tous les mouvements et activités visant la sécurité et la stabilité de la Jordanie », a affirmé le Premier ministre jordanien, ajoutant que le prince Hamza » a traité cette demande d'une manière négative sans prendre en considération les intérêts du pays ». Le prince Hamza qui fut un temps prince héritier (à la demande de l'ancien roi Hussein, avant que l'actuel roi intronisé en 1999 ne désigne son fils ainé en 2004, ndlr), a annoncé samedi avoir été « assigné à résidence » dans son palais de la capitale jordanienne et nié avoir comploté pour renverser le pouvoir jordanien, accusant les autorités jordaniennes de « corruption » et d' »incompétence ». Mais les autorités jordaniennes, du fait d'une menace constante envers l'institution monarchique, ont été formées à détecter toute menace et l'implication du prince Hamza ne semble pas faire de doute. En outre, le Premier ministre jordanien a indiqué que cette affaire ne datait pas d'aujourd'hui et que les services de sécurité avaient suivi depuis longtemps les activités et les mouvements du prince Hamza ben Hussein et d'autres de ses proches avant de conclure que ces derniers avaient l'intention de porter atteinte à « la sécurité et la stabilité de la patrie », et ce n'est que lorsque les accusés ont commencé à parler de « calendrier » d'action que les autorités ont décidé d'intervenir. Par ailleurs, Safadi a révélé que le prince Hamza a été aidé par d'autres parties, notamment deux Jordaniens, Bassem Awadallah et Cherif Hassan ben Zaid, qui ont été arrêtés dans le cadre d'une enquête visant à faire la lumière sur cette histoire inédite en 100 ans de monarchie hachémite. L'enquête a permis d'identifier jusqu'ici 16 personnes impliquées dans cette affaire, toutes sont des proches du prince. Le Premier ministre jordanien a fait état également d'une puissance étrangère impliquée dans cette affaire pour tenter de « porter atteinte à la sécurité » de l'Etat, sans pour autant l'identifier. « Une personne ayant des liens avec des services de sécurité étrangers a été en contact avec la femme du prince Hamza et lui a proposé de mettre à sa disposition un avion pour qu'elle quitte la Jordanie vers un pays étranger », a encore ajouté le chef du gouvernement. Cette annonce a provoqué immédiatement une réaction venant de la part d'un Israélien, Roy Shaposhnik, résidant en Europe, se présentant comme seulement un ami du prince Hamza », alors qu'Israël, à travers son ministre de la Défense, Benny Gantz, a officiellement défendu la stabilité du Royaume, car une instabilité à ses frontières serait très préjudiciable pour Israël, et le conflit israélo-palestinien. Dans un communiqué, Roy Shaposhnik, a déclaré n'avoir jamais été « un agent du renseignement israélien ni d'aucun autre pays » et avoir seulement proposé son aide, évoquant un « geste humanitaire modeste » en invitant la femme et les enfants du prince à venir chez lui en Europe.