Dans le but de promouvoir un tourisme durable, résilient et inclusif, la mise en place d'une nouvelle stratégie s'impose, a insisté ce mardi 30 mars à Rabat, le président du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), Ahmed Réda Chami. Lors d'un atelier virtuel de restitution, dédié à la présentation de l'avis du Conseil intitulé « le tourisme, levier de développement durable et d'intégration: pour une nouvelle stratégie nationale du tourisme », Chami a expliqué que son département « aspire de mettre en place une nouvelle stratégie, basée sur une vision globale et intégrée, visant à promouvoir un tourisme durable, résilient et inclusif. Une stratégie qui favorise le développement d'un tourisme de régions et la création de richesses et d'emploi en particulier au profit des femmes et des jeunes ». Alors que le secteur du tourisme était en plein essor ces dix dernières années, la pandémie du coronavirus l'a fortement impacté, voire mis sous « respiration artificielle » depuis déjà un an et demi. Reda Chami est revenu lors de cet événement sur les difficultés structurelles que vit le secteur et qui ont eu de forts impacts économiques et sociaux sur son évolution. Ainsi, Reda Chami a dévoilé les propositions phares du CESE pour réussir la relance du tourisme et son repositionnement stratégique à l'échelle nationale et internationale, articulées autour de six axes majeurs. Dans le volet de la gouvernance, le CESE recommande d'instaurer une loi-cadre du tourisme et de promouvoir une planification stratégique intégrée, impliquant une convergence des moyens et des ressources et un suivi-évaluation pour toute la chaîne de valeur, tandis que pour le tourisme durable et responsable, le Conseil propose d'opérationnaliser la charte marocaine du tourisme durable, de contribuer à travers le système fiscal à la promotion des investissements durables, productifs, créateurs d'emplois et catalyseurs de la valeur au niveau des territoires hôtes et d'opter pour une approche « Tourisme 365 jours« . Pour le tourisme national, le CESE préconise de proposer des produits touristiques spécialement dédiés au tourisme national en ses divers segments et adaptés au pouvoir d'achat, de promouvoir le tourisme social et solidaire et développer les auberges des jeunes et d'inventer une offre adéquate pour les MRE en prenant en considération leurs styles de vie et leurs modes de consommation des loisirs et sports. Concernant la digitalisation, le CESE recommande de promouvoir des destinations et des produits touristiques durables à travers la communication, la connectivité et la digitalisation en proposant un circuit de réservation et de paiement marocain permettant d'éviter la sortie de devises et des commissions hors Maroc et en faisant évoluer la communication numérique officielle vers l'expérience-client. Il s'agit par ailleurs, de qualifier le capital humain en s'alignant sur les tendances mondiales et en visant l'excellence par la mise à jour de la cartographie de l'emploi dans le tourisme et l'initiation de la signature d'une convention sectorielle collective en matière de formation et de renforcement des compétences. Le Conseil considère enfin que la territorialisation constitue un cadre propice à la mise en œuvre des stratégies pour assurer la coordination entre l'échelle nationale et régionale, et préconise de mettre en corrélation les stratégies nationales du tourisme, de la culture, de l'artisanat, de la jeunesse et sport et du développement durable et en assurer la déclinaison territoriale. Le département de Chami préconise aussi de soutenir la mise en œuvre des stratégies régionales du tourisme durable en appuyant les conseils régionaux et de concevoir une offre diversifiée autour de corridors traversant plusieurs territoires avec une thématique touristique commune. Ali Ghannam, membre du CESE et rapporteur du thème, a fait observer de son côté que le tourisme constitue un pilier majeur de la croissance économique marocaine, précisant qu'en 2019, le Maroc a accueilli 12,9 millions de touristes aux postes frontières. Ce secteur contribue à hauteur de 7% au PIB et 20% aux exportations des biens et services, a-t-il poursuivi, notant que sa contribution à l'emploi est estimée à 550.000, soit 5% de la population active en 2020. L'analyse du secteur touristique au Maroc durant ces vingt dernières années révèle un certain nombre de dysfonctionnements récurrents explique ce membre du CESE, notamment, des stratégies qui peinent à réaliser les objectifs fixés, une défaillance majeure du dispositif de pilotage ou encore des difficultés de financements au niveau du secteur.