L'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, a été déclaré coupable de corruption et trafic d'influence dans l'affaire des écoutes. Tout comme ses deux complices et jugés aujourd'hui au tribunal correctionnel de Paris, l'avocat Me Thierry Herzog et l'ancien haut magistrat Gilbert Azibert, il écope d'une lourde peine de trois ans dont deux avec sursis. Le Parquet national financier avait requis le 8 décembre dernier, quatre ans de prison, dont deux avec sursis, à l'encontre de l'ex-chef de l'Etat. Son avocate plaidait la relaxe. Pour autant il n'ira pas en détention en prison mais il aura tout de même un casier judiciaire. La présidente du tribunal ayant envisagé un aménagement de peine à domicile avec des bracelets électroniques. Ce qui a fait dire à des plaisantins dans les réseaux sociaux qu'il pourra déduire de sa peine la quarantaine Covid. Mais trêve de plaisanterie, Nicolas Sarkozy ne peut encore faire appel de ce jugement. Son avocate Nicolas Sarkozy devient ainsi le deuxième ancien président condamné sous la Ve République, après feu Jacques Chirac en 2011 dans l'affaire des emplois fictifs de la ville de Paris. Le tribunal correctionnel a estimé qu'un « pacte de corruption » avait été conclu entre l'ex-président, aujourd'hui âgé de 66 ans, son avocat Me Thierry Herzog (condamné au demeurant à cinq ans d'interdiction d'exercer) et l'ancien haut magistrat Gilbert Azibert, également condamnés. Les faits remontent à 2014. Sarkozy était suspecté d'avoir tenté d'obtenir d'un magistrat à la Cour de cassation, Gilbert Azibert, des informations confidentielles le concernant, voire de faire annuler la saisie de ses agendas présidentiels après avoir obtenu un non-lieu dans l'affaire Bettencourt. Me Azibert, avocat général dans une chambre civile, n'intervenait pas directement dans ce dossier mais il aurait joué de ses relations. En échange, M. Sarkozy aurait promis d'intervenir en faveur du magistrat pour qu'il obtienne un poste de prestige à Monaco. Devant le tribunal, ses avocats avaient fait valoir qu'in fine Nicolas Sarkozy n'avait pas eu gain de cause devant la Cour de cassation et que Gilbert Azibert n'avait jamais eu de poste à Monaco. Mais à son grand dam selon la loi, il n'est cependant pas nécessaire que la contrepartie ait été obtenue, ni que l'influence soit réelle, pour caractériser les délits de corruption et de trafic d'influence. « La preuve du pacte de corruption ressort d'un faisceau d'indices concordants », a relevé la présidente du tribunal Christine May. « Nicolas Sarkozy s'est servi de son statut d'ancien président de la République », a estimé lundi le tribunal correctionnel de Paris. « Les délits ont porté gravement atteinte à la confiance publique en instillant l'idée que les décisions de la Cour de cassation peuvent faire l'objet d'arrangements privés ». Tous les prévenus ont quitté le palais de Justice sans une déclaration. Mais vraisemblablement, ils devraient tous interjeter en appel. Nicolas Sarkozy n'en est pas à ses premiers déboires avec la justice de son pays. Il vit sa retraite politique sous pression judiciaire. Après cette décision du tribunal correctionnel de Paris rendu ce 1er mars 2021 dans l'affaire dite des « écoutes Bismuth », un second procès concernant des dépenses excessives de campagne en 2012 révélées par l'affaire Bygmalion doit avoir lieu du 17 mars au 15 avril 2021. Nicolas Sarkozy est également mis en examen dans l'enquête sur des accusations de financement libyen de sa campagne 2007.