Washington a publié son rapport sur la mort du journaliste saoudien résident aux Etats-Unis, Jamal Khashoggi, accusant directement le prince héritier Mohamed Ben Salmane d'avoir donné son « feu vert » à cette opération. Mais les Etats-Unis ne veulent pas perdre l'Arabie Saoudite comme allié. Comme prévu, le renseignement américain a publié vendredi le document déclassifié de quatre pages, sur l'assassinat du journaliste critique du pouvoir. Le document a été déclassifié à la demande du président Joe Biden, partisan d'une ligne plus dure contre Ryad. Mais avant sa publication le locataire de la Maison Blanche a appelé la veille, le Roi Salmane d'Arabie Saoudite. Le président américain a affirmé que son principal interlocuteur en Arabie Saoudite serait le Roi au lieu de son fils, le prince héritier qui est devenu ces dernières années le réel numéro un du pays. « Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a validé une opération à Istanbul, en Turquie, pour capturer ou tuer le journaliste saoudien Jamal Khashoggi », a indiqué le renseignement américain sans pour autant écrire clairement qu'il a commandité l'opération. Néanmoins, le rapport explique que le prince héritier dit MBS dispose d'un « contrôle absolu » des services de renseignement et de sécurité, « rendant très improbable » qu'une opération commando pour tuer Jamal Khasshoggi ait lieu sans que lui ne donne son « feu vert ». Le rapport a immédiatement été rejeté par l'Arabie Saoudite qui a qualifié ces conclusions de « fausses et préjudiciables » tout en appelant à ce que le partenariat « solide et fort » avec Washington soit maintenu. Alors que plusieurs voix à l'international et surtout aux Etats-Unis attendaient à ce que Joe Biden mette en application des sanctions contre MBS, cela n'a pas été le cas , mais des sanctions financières ont visé l'ex-numéro deux du renseignement saoudien Ahmed al-Assiri, proche de MBS. Le rapport mentionne effectivement une liste d'une vingtaine de personnes ayant un lien direct avec l'opération commando qui a tué le journaliste collaborateur du Washington Post où figure également 'ex-conseiller du prince Saoud al-Qahtani. Suite à la publication du document, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a annoncé que 76 Saoudiens seront désormais interdit d'entrées aux Etats-Unis entrant dans le cadre d'une interdiction nommée la « Khasshoggi Ban ». « Les Etats-Unis n'imposent généralement pas de sanctions aux plus hauts dirigeants de pays avec lesquels ils entretiennent des relations diplomatiques », a justifié le département d'Etat concernant l'absence du prince héritier sur la liste. Même si Joe Biden avait parlé de l'Arabie Saoudite comme un Etat « paria » qui devait être sanctionné à cause de l'affaire du journaliste tout en promettant que Washington n'allait plus vendre d'armes à Ryad, le président ne cherche une crise ouverte avec son allié. Le chef de la diplomatie américaine a expliqué que « la relation avec l'Arabie saoudite est importante » mais ces mesures « c'est vraiment pour ne pas avoir de rupture dans les relations mais pour les recalibrer ».